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Un trek dans la Cordillera Huayhuash, la plus belle semaine de notre voyage

Dernière mise à jour : 8 mai


Infos pratiques tout en bas 👇

Liste des courses, contenu des sacs, conseils...



Suite à la découverte de la forêt amazonienne et de la montagne aux sept couleurs, nous redescendons à Lima récupérer Fitz au garage et nos amis Lou et Victor à l'auberge. Direction : la belle Cordillera Huayhuash pour un trek en autonomie de 5 jours... Réputé comme l'un des plus beaux du monde grâce à ses paysages à couper le souffle, il est bon de noter qu'il est également beaucoup moins accessible, beaucoup plus dur et donc beaucoup moins fréquenté que les autres treks du coin, comme ceux de la Cordillera Blanca. Pour nous, il a surtout été une aventure vraiment incroyable que nous sommes heureux de partager avec vous. Et une première ! Jusqu'alors, les 4 jours dans le très célèbre et très balisé Parc de Torres del Paine étaient la plus longue période en montagne réalisée sans guide. Ici, on ajoute une journée, un non-balisage total et surtout beaucoup d'altitude ! Nous allons osciller entre 4000 et 5000 mètres...


Le trek se fait habituellement avec agence, entre 8 et 12 jours, au départ de Huaraz mais nous avons décidé de le faire par nos propres moyens et seulement une partie pour pouvoir vivre l'expérience avec les copains tout en respectant l'emploi du temps bien chargé de chacun. Nous partirons donc de Tupac Amaru, un petit village complètement perdu. Sur la carte cela ne paraît pas tellement loin de Lima et pourtant...


Allez, en route !


Magnifique vue depuis le Mirador Las tres lagunas dans la Cordillera Huayhuash.
Ouai on est comme ça nous, on envoie du très beau spot dès la première photo !

Après un ravitaillement conséquent en boustifaille, nous partons hâtivement vers le pueblito. Mais c'était sans compter sur une sortie de Lima des plus infernales, pire qu'un départ en vacances le 15 août ! Les flics ferment des routes, les bus s'imposent et bloquent des axes entiers, le GPS nous envoie n'importe où, bref on craque. Nous n'arriverons pas à Tupac Amaru aujourd'hui, ça c'est sûr ! Alors nous roulons jusqu'à ce que la fatigue nous guette et établissons le campement au bord d'un petit lac pas très loin d'une mine où l'on croit se faire attaquer... Par une bergère et ses chiens.... Haha. C'est donc le lendemain que nous arrivons dans le petit village pastoral après un long trajet de terre, de cailloux, de cols, d'éboulements, de routes détruites, de coulées de boue... Ouf on est en vie et au milieu de paysages montagneux sublimes. Petite parenthèse technique on a perdu un bout de voiture sur la route... après 1 semaine au garage. Super ! On ne sait pas ce que c'est mais maintenant, quand la voiture démarre, elle fait littéralement un bruit de Vélociraptor pendant quelques minutes... On stresse de ouf ! Bref, nous avons une et une seule mission avant le départ, trouver un âne pour porter une partie de nos affaires pendant le trek.


Sur la route de Tupac Amaru

On se gare au centre du village qui marque la fin de la route. Nous aimons bien faire ça, arriver au bout du bout. Après la fin de la route à Ushuaïa et en Amazonie, voici celle de Tupac Amaru. Au-delà ? La montagne. Et une tempête qui nous guette sérieusement. Des enfants s'approchent de notre voiture, bien curieux de voir nos têtes d'occidentaux. Pour le coup eux ne doivent pas en croiser souvent, voir jamais. D'ailleurs ils refusent d'adresser la parole à Lou, blonde platine, pensant que c'est une sorcière. On leur demande s'ils connaissent un arriero, autrement dit une personne qui possède des ânes. Mais ils sont bien timides. Alors, après le gros déluge et quelques parties de cartes dans la voiture - et une belle triche en règle de Victor... - on sort et on discute avec les locaux qu'on croise. Ha voilà que mamie en connaît un, il n'est pas là encore, il travaille au campo mais on peut s'abriter chez son ami à côté, il a une cour où l'on pourra stationner et camper. On y va... Avec un gros bruit de Vélociraptor qui rameute tout le village haha ! Et là, c'est retour dans le passé ! Il n'y a pas l'eau courante dans les toilettes qui sont dans une petite cabane à l'entrée de la cour, du linge sèche - ou pas, il vient de pleuvoir des trombes - partout, des jambons crus pendent du toit, des poules courent, des cochons d'Inde prêts à être mangés se dandinent, le sol est en terre, il n'y a pas l'électricité et un couple rapaces a élu domicile à 1m50 de là où nous allons nous installer dans un tas de vieilles chaises... Voilà qui nous rassure. On remarque tout de suite le jambon cru, bien sûr ! Mais surtout, il y a quatre enfants qui nous regardent de leurs beaux et grands yeux marrons et un petit chiot absolument adorable. Comment il s'appelle ce petit chien ? Pas de prénom qu'ils nous disent : je le nomme donc Gaspard. Ils ne nous quitteront pas de toute la durée de notre séjour ici. Oui, car nous allons rester trois nuits, celle-ci, celle de demain après que Leslie et Adrien nous aient rejoints et celle du retour du trek.


Aujourd'hui, veille de départ, nous rencontrons l'arriero, un certain Iber. Un type peu expressif mais à l'air sympathique. On lui demande un de ses ânes, il nous rigole au nez haha. On ne prête pas ses ânes nous dit-il, beh oui logique en fait. Et un ne suffit pas, il a peut être raison le bougre, trois feront mieux l'affaire. On négocie donc le prix des montures et on lui achète sa nourriture pour les 5 jours de trek car oui, si on veut ses ânes, Iber et sa mule doivent aussi nous accompagner. Ouiii, on est content !


Toujours pas de nouvelles de Leslie et Adrien, les deux autres compagnons de voyage. On s'inquiète un peu. C'est vrai que rejoindre ce petit village en transport en commun ne doit pas être évident tellement c'est perdu... L'après-midi est plus qu'entamé quand nous entendons du mouvement ! Ils sont là, en train de demander aux habitants où sont les touristes arrivés la veille, le téléphone ne marchant pas ici, bien évidemment. Les larmes montent quand ils nous voient, ils sont épuisés de ce trajet impossible, ils ne pensaient plus y arriver. Deux jours complets pour atterrir à Tupac depuis Lima ! On remonte le moral des troupes avec un petit apéro pisco, bières, on cuisine des nouilles - ah les nouilles... - et on prépare nos sacs car, pardi, demain c'est LE grand jour ! Le tout sous l'oeil avisé des enfants et de Gaspard qui ne nous lâchent plus d'une semelle.


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Jour 1 : Tupac Amaru - Laguna Carnicero | 29.04.2019

9,5km • 650 m de dénivelé positif • 151 m de dénivelé négatif • 3900-4500 m d'altitude



Today is the day! Iber arrive avec ses trois ânes chez nos nouveaux hôtes. Comment s'appellent-ils ? Pas de noms. Non mais ça va pas ça, alors on les nomme Un, Dos et Tres. Ce qui fait bien rire notre arriero. Nous lui laissons une partie de nos sacs et partons assez tôt pour cette belle aventure en perspective, on est tout content vous imaginez bien. Marcher dans la montagne, seuls au monde, ne sachant pas ce qui nous attend avec comme seul repère le trajet concocté par Lou et Victor... Le rêve ! Les jambes se mettent en route doucement et la faim se fait déjà sentir pour moi... Je n'ai droit qu'à deux barres de céréales par jour, merdeuh, si j'avais su qu'on aurait trois ânes... haha. Tout est vert autour de nous, nous croisons des fermes isolées, des chevaux et la montagne solide est majestueuse. C'est bien ça marcher dans les Andes, un sentiment de liberté totale qui vous envahit... Même pour nous qui avons perdu la notion de temps depuis un bon moment. Bref, Iber nous rattrape avec Un, Dos, Tres bien chargés, les pauvres. Hola Iber! Rendez-vous sur notre lieu de campement au bord de la laguna Carnicero, le seul changement dans l'itinéraire des copains, son petit spot secret à lui. On l'entend parler à sa mule dans une langue complètement inconnue composée de blaablupoppop arrrouuuu. Le ciel est changeant mais nous épargne pour l'instant. Et bien sûr... On se perd ! Beh ouai. C'est vraiment pas évident d'avancer sans balisage. En plus on chemine au milieu d'un marécage, il y a de l'eau et des rivières qui serpentent partout. Geoof saute une rivière et nous dit "c'est chaud quand même". Adri décide de tenter aussi et patatra. Il prend appui sur une frêle mousse et tombe dans la rivière, y laissant sa chaussure. Hahaha. Les chutes sont toujours très drôles non ? On récupère la dite chaussure puis on finit par retrouver un semblant d'itinéraire. Nous voilà au campement, fatigués - déjà - mais heureux !! C'est beau... L'endroit est désert, une laguna posée au pied d'un pic imposant et son glacier.


Chacun choisit son emplacement de tente. Tout un savoir-faire et une méthodologie bien précise pour mon Geoofi : inclinaison de la pente, orientation, technique de planter de sardines... Appelez-le Mike ! La pluie arrive, juste à temps pour qu'on s'abrite dans les tentes fraîchement montées, on en profite pour siester. Ça se calme, on émerge tous de nos maisons portatives, telles de petites marmottes sortant leur tête du trou. Geoof, Adri et moi décidons de nous promener un peu aux alentours, il nous reste quelques forces. On rencontre deux petits chats trop trop mignons. On se demande où ils vivent, vous imaginez, on est à 4500 mètres, aucune habitation, pas âmes qui vivent.... Puis on va se faire un bon petit plat - des nouilles - et se reposer un peu. Les petits chats ne nous quittent pas.



Première journée jusqu'à la laguna Carnicero

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Jour 2 : Laguna Carnicero - Mirador de las tres lagunas - Laguna Carnicero | 30.04.2019

11,5km • 949 m de dénivelé positif • 946 m de dénivelé négatif • 4300-4800 m d'altitude



Lever 6h30. Ce matin Victor et Lou sont remontés contre les chatons, ils ont troué leur tente hahaha. Pardon. Ils se sont amusés à la mordiller et à sauter dessus une bonne partie de la nuit. Ça nous fait bien rire. Après un petit déj à base de tartines grillées au réchaud et confiture - oui oui, on ne s'emmerde pas - c'est parti pour la deuxième journée ! Aujourd'hui nous laissons les tentes sur place pour un aller-retour au mirador de las tres lagunas - un point de vue sur trois lacs bleus. Iber vient avec nous, ça nous fait très plaisir. Le mec randonne en botte quand même ^^. On discute un peu avec lui de sa vie, des montagnes et c'est en fait un espiègle, très souriant et marrant. On ne comprend pas tout car il a un accent mes aïeux, de montagnard. Il n'aime pas que je le prenne en photo mais cède quand même pour une photo avec moi. Mon p'tit Iber. Il nous guide, vous le verriez marcher, une vraie gazelle, pas de fatigue chez lui. Il donne le rythme et c'est parfait !


On vient de se faire 3h de montée - ouf, enfin au sommet - mais le temps est couvert. De temps en temps un bout de ciel bleu fait sa grande sortie. Malgré ça les paysages sont grandioses, on se sent muy pequeños. Nous apercevons un des trois lacs bleus du mirador qui nous attend mais ça Iber ne nous le dit pas le coquin, il garde la surprise totale. Après avoir englouti une barre de céréales on descend vers THE mirador. Dire qu'il faudra ensuite remonter... Quelle idée ! On marche encore, par moment sur de la mousse au milieu de l'eau, il faut faire des petits sauts, c'est bien glissant. Et bim, une Leslie le cul dans la boue hahaha. Puis ce sont les herbes hautes qui nous chatouillent les genoux. Et là, on arrive ! Popopopo ! Les amis, si vous voyez ce que je vois ! MA-GNI-FIQUE ! Je vous la fais façon narration avant de vous montrer les photos. Trois grands lacs, chacun d'un bleu différent, se suivent au pied d'une chaîne montagneuse colossale, des sommets dépassant les 6000 mètres, avec au départ un glacier gigantesque qui craque et qui gronde. De l'autre côté un des plus hauts pics du coin, super pointu. Soudain une avalanche se produit raisonnant dans toute la montagne, son irréel. Elle provoque le temps d'une courte minute une cascade dans le lac central, juste waouh. On se pose, le coin est pas mal pour pique-niquer, vous connaissez ? Je recommande. L'estomac bien plein et une petite sieste plus tard où je me permets quelques ronflements... Hein ? C'est pas moi c'est le glacier ! Iber nous informe qu'il faut repartir... Noooon ! On ne veut pas. Au revoir sublime endroit préservé. Que tu le restes encore longtemps. Le retour est long mais long ! Chemin inverse, on remonte puis on redescend jusqu'au campement, épuisés. Un seul petit chat nous accueille à notre retour, nous nous inquiétons pour son copain. On se fait un excellent repas - des nouilles - parlant de cette journée de folie, de cet endroit merveilleux. Le deuxième chaton rapplique. Mais un chien aboie dans la nuit, on ne le voit pas et il fait fuir les copains félins...


Deuxième jour jusqu'aux magnifiques trois lacs

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Jour 3 : Laguna Carnicero - Paso Trapecio - Campamento Elefante | 01.05.2019

12,5km • 730 m de dénivelé positif • 700 m de dénivelé négatif • 4300-5000 m d'altitude



Lever 6h30. Again. Un très beau chien au regard si mignon et au pelage doré nous salue au saut de la tente. C'était donc lui ! Et, en fait, c'est le coup de foudre instantané. Iber nous explique qu'il l'accompagne souvent quand il part en montagne, il l'a nommé Tobby, enfin un prénom ! Coucou Tobbychou. Petit déj et c'est parti, toute la troupe se met en route. Bon aujourd'hui je vous préviens ça grimpe SEC ! Nous allons franchir el paso Trapecio, 5000 mètres d'altitude. Et aussi, aujourd'hui a de particulier que c'est mon anniversaire ! Tatalatata. Alors Iber me laisse monter sur sa mule. Hihaaa Frénégonde ! Bon seulement pour 50 mètres faut pas déconner non plus. On grimpe, on grimpe et on grimpe. J'ai déjà avalé mes deux barres tant l'effort et l'altitude consument toute mon énergie... Elle a bon dos l'altitude en vrai je suis un estomac sur pattes, je vais devoir faire les yeux doux à mon Geoofi qui lui ne mange rien, cet athlète. Le saviez-vous ? Ne rien faire à 4500 mètres d'altitude vous fait quand même perdre des calories. C'est dire l'effet de la pression gravitationnelle sur le corps.


Cette journée est une suite de déceptions, pas visuelles je vous rassure bien au contraire, mais émotionnelles. À chaque fois que je vois "le sommet" et bien non, derrière s'en cache un autre. "Allez, il te reste 500 mètres, courage..." Tu parles, quenenni, nada, niet. Au bout d'un moment Victor qui marche toujours en tête, un robuste le garçon, nous fait signe que cette fois-ci c'est la dernière. Hallelujiah. Et puis re-popopo ! Mais quelle vue ! Elle nous coupe la chique. Moi qui ne pensais qu'à manger mon sandwich au thon/mayo/citron - traditionnel repas du midi - j'en oublie complètement ma faim. Allez je vous laisse la surprise visuelle ;). Qui pensait que nous pourrions être encore plus émerveillés que la veille ? On pique-nique ici, pas dégueu comme spot. Puis c'est la descente, on longe l'endroit qu'on vient de découvrir toujours guidés par Tobby qui nous évite de nous perdre. Il est trop mignon, il nous attend à chaque embranchement... Bon il faut admettre qu'on a trouvé son point faible : le pain de mie ;) ! On arrive enfin au camping Elefante, plus "officiel" où d'autres groupes en tour organisé dorment également.


Le soir on se fait un petit apéro vin, pisco, saucisson - oui on a pris deux bouteilles en verre et alors ? C'est mon anniversaire !! - tout en discutant du spot préféré de chacun. Conclusion : difficile de choisir entre le panorama d'aujourd'hui et celui d'hier. Geoofi m'offre des petites boucles d'oreilles, du même style que celles que j'avais perdues au Macchu Pichu. Et grâce au complice Victor qui, depuis notre dernière rencontre, est repassé par La Paz les acheter. Merciii ! Ce soir c'est repas gastro - des vraies pâtes, le luxe. Puis, deuxième cadeau : il neige !! Des flocons énormes. Je m'en rappellerais de mes 28 ans. Franchement on se les pèle sérieusement dans la tente mais quel bonheur !

Troisième jour pour mon anniversaire

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Jour 4 : Campamento Elefante - Paso Punta Cuyoc - Viconga | 02.05.2019

8km • 550 m de dénivelé positif • 700 m de dénivelé négatif • 4300-5030 m d'altitude



Ce matin Geoof et Victor veulent monter le Cerro San Antonio avant de se taper la journée prévue. Très peu pour moi surtout qu'il faut se lever à 5h et que je suis congelée après cette nuit sous la neige. Victor passe chercher Geoof à notre tente : "Ouai j'arrive... il fait quand même l'effort d'ouvrir la tente... 15 centimètres de neige et un vent glacé lui la font refermer aussitôt sur un magnifique "À dans quatre heures Victor". Haha. Il nous avouera que même Tobby en boule dans la neige ne voulait pas venir, il a dû l'acheter avec une partie de son petit déjeuner mais bon, un grand bravo à Vivi et Tobby pour cette ascension matinale en duo. De notre côté, on se lève à 7h00 avec un grand soleil. Aaaaah ! Étirements. On petit déj tous ensemble selon notre nouveau rituel, on plie les tentes qu'on file à Ub-Ub et on les voit, Victor et Tobby, tout petits petits, redescendre la montagne. On les rejoint et le point de vue avait quand même l'air ouf ! Mais un autre paso, le Punta Cuyoc, nous attend. Un autre 5000 mètres, on commence à être rodés.


La journée est encore bien magnifique... Le beau ciel bleu et le soleil ne nous quittent plus. Blaablupoppop arrrouuuu. Ha, Iber arrive avec sa mule et Un, Dos, Tres. Le paso ne nous semblait pas trop difficile jusqu'à ce qu'on arrive à la dernière portion où le chemin se transforme en amas de cailloux qui glissent façon avalanche. Si tu te loupes c'est un pas en avant pour deux pas en arrière. On y arrive tant bien que mal, petite barre de céréales en haut. Miam. On ne sait pas trop dans quelle direction aller mais le guide 3 étoiles nommé Tobby est toujours là pour nous. Donc, une fois n'est pas coutume, on le suit. Vers où ? Surprise... Des aguas calientes - sources d'eau chaude. Mamamia j'en rêve, ça fait une semaine qu'on ne s'est pas lavé.


Le trajet est, pour ne pas changer, trop magnifique. On se régale, quasiment que de la descente. Puis on l'aperçoit, le camping de Viconga et ses trois piscines naturelles. Viiiiiite. Ni une ni deux on monte les tentes, on enfile nos maillots et plouf, dans l'eau. Passage obligatoire par le petit bassin super chaud "nettoyage", on frotte, on se lave les cheveux, bonheur. Puis on va dans le grand bassin, détente, relâcher les muscles, détendre les pieds. Iber se joint même à nous. On apprécie une chose encore plus quand on en est privé. Plonger la tête sous l'eau chaude c'est juste le pied. En plus le paysage qui nous entoure est exceptionnel. Alors on se prélasse, on observe Tobby chasser les moutons et se faire chasser à son tour par le berger... Par contre, n'oublions pas que nous sommes toujours à 4400 mètres et que le froid glacial arrive avec la nuit tombante... Et là... C'est dur ! Je n'arrive pas à me réchauffer. Geoof m'emballe dans les duvets, je ne veux plus sortir de la tente. Mais bien sûr je ressors pour le repas de gourmet - des nouilles vous l'aurez deviné.


Quatrième et avant dernier jour

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Jour 5 : Viconga - Tupac Amaru | 03.05.2019

17km • 587 m de dénivelé positif • 978 m de dénivelé négatif • 3900-4760 m d'altitude



C'est déjà le dernier jour et le plus long, 17 kilomètres et quand même un petit col à 4800 à passer. Ce matin geoofi, qui est de base un sacré lève tard, trouve la motivation de se lever un peu avant l'astre solaire, sûrement frustré par son échec à accompagner Victor la veille... Il se déshabille au milieu de la nuit brumeuse et se glisse dans les bains chauds pour regarder le lever du soleil. Un spectacle grandiose ! Quelle surprise pour nous au réveil, de le trouver tout défraîchi dans l'eau... Le coquin ne veut plus sortir, il fait trop froid mais il est déjà temps de partir... Je vais pas vous refaire l'histoire, les paysages sont toujours aussi incroyables. On marche, le coeur lourd. Il va falloir dire au revoir à Tobby. D'un coup il part, pas loin de où on l'avait rencontré. On se dit que c'est mieux comme ça, pas d'adieux déchirants. Il part comme il est venu... Et puis non, il revient !! Et là, on est tellement content hahaha. On se dit qu'il ne fait pas ça avec tous les groupes, tu parles ^^. On fait vite une photo de groupe, au cas où il reparte sans prévenir. La fin de l'histoire vous apprendra qu'il nous ramènera jusqu'à chez notre hôte à Tupac où il se posera dans la cour, fatigué et passera la dernière nuit avec nous et le petit Gaspard... En parlant de ce dernier, on est trop heureux, on entend les petits du villages l'appeler par ce prénom :) c'est notre petite signature, la trace indélébile de notre passage à Tupac. On invite Iber à boire un petit coup avec nous et on le remercie chaleureusement pour ces cinq jours merveilleux. Il est tout gêné. Il y a peu de chance qu'on se revoit un jour, comme avec tant de belles personnes rencontrées depuis ces derniers mois. C'est aussi ça le voyage, apprendre à dire des au revoir qui sonnent comme des adieux.


Et vient l'heure du repas. Franchement je ne peux plus avaler de sandwich thon/mayo/citron et les nouilles c'est limite limite. On se dit que, peut-être, on pourrait négocier un petit bout de jambon cru qui pendouille toujours... On cherche le maître des lieux. Il rigole à notre requête et dit oui. Il a aussi quelques patates. Le repas de rêve pour nous, patate à l'eau et jambon cru. Les gars vont prendre des bières à la petite boutique du village et nous trinquons à cette expérience inoubliable. Et merci Victor de nous avoir tous amenés ici.


Dernier jour à fouler la Cordillera Huayhuash

Cinq jours peuvent paraître courts et pourtant... J'ai l'impression d'avoir laissé un bout de moi dans ces montagnes, d'avoir tissé des liens impérissables avec mes compagnons de voyage. 5 jours pour 5 mois. Il est l'heure de partir de Tupac, direction Huaraz avec la même équipe pour 3 jours de récup, de lessive, de bon lit et de bonne bouffe dans un bel appart. Puis nos chemins se sépareront, Lou et Victor restent au Pérou quand Leslie, Adrien, Geoofi et moi partons pour l'Équateur et plus précisément pour un rêve éveillé... Pour les Galapagos et sa chaleur - enfin !!! - ses baignades avec les otaries, ses plongées avec les requins, ses balades au milieu des tortues géantes, ses plages paradisiaques, ses oiseaux endémiques, ses rais mantas, léopards, dorées, ses hippocampes... Un dernier cri de Vélociraptor résonne dans le si paisible village de Tupac Amaru et nous voilà partis...


Derniers instants à Tupac Amaru