Le GR R1 - le tour du Piton des neiges par les 3 cirques de la Réunion : Cilaos, Mafate et Salazie

On attaque les choses sérieuses, c'est parti pour le plus gros défi qu'on réalisera sur l'île intense : le GR R1, aussi appelé Tour du Piton des neiges. Nous allons parcourir 56km en 3 jours de marche avec un dénivelé de 4614m. Mmmmh ça va piquer les mollets. C'est bien que nous ayons fait cette journée de remise en jambe à Grand Bassin, suivie de quelques jours de repos. C'est pas pour dire, mais on ne s'est pas beaucoup bougés ces derniers temps haha.

Découvrez en story le trek du GR R1 raconté avec humour par Geoof

Ce GR est une boucle qui passe par les 3 cirques de la Réunion : Cilaos, Mafate et Salazie. C'est le trajet idéal pour se plonger dans une autre facette de l'île de La Réunion, dans les hauts, royaume des reliefs verts et des vues à couper le souffle. Chacun des cirques a son propre caractère, sa propre ambiance. Cilaos est plus sec et encaissé, accessible par une route spectaculaire. Salazie est le plus vert et humide, riche en cascades. Mafate est isolé, accessible uniquement à pied ou en hélicoptère, c'est le paradis des randonneurs.

Ce trek a une topographie particulière. Ça monte (beaucoup), et ça descend (beaucoup). Ça remonte, et ça redescend. Et encore ! 4614m de dénivelé positif et autant de dénivelé négatif, ça commence à faire pas mal mais l'avantage c'est qu'une fois en haut, on a des paysages grandioses. Allez, c'est parti :

• Jour 1 : Départ de Cilaos, passage par le Col du Taïbit et ses 3 Salazes, arrivée à La nouvelle dans Mafate >> 19km, 1600m D+

• Jour 2 : Départ de Mafate, passage par le Col de la Fourche, arrivée à Hell-Bourg dans Salazie >> 20km, 1000m D+

• Jour 3 : Départ de Salazie, passage par le vilain cap Anglais, retour et arrivée finale à Cilaos >> 16km, 1900 D+

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Jour 1 sur le GR R1 de la Réunion : un départ difficile

Départ de Cilaos > Col du Taïbit > La nouvelle, Mafate

>> 19km, 1600m de D+, 9h de marche

Zéééé parti. Bon déjà il faut savoir que pour se rendre à Cilaos, vous devez emprunter la route aux 100 virages, ce qui n'est pas de tout repos pour les personnes ayant le mal des transports comme moi. Mais elle est vraiment très belle, et impressionnante ! Ça monte, ça tourne. On gare la voiture à Cilaos, et on lui dit à dans trois jours. C'est sympa, le trek commence par quelques kilomètres de mise en jambe tranquilles, on passe devant des cascades et on aperçoit vite les célèbres 3 Salazes, ainsi que le col du Taïbit. Oh pétard, il va falloir monter tout çaaaaa ? C'est marrant, j'adore marcher mais je suis toujours un peu à traîner des pattes quand je vois les murs de difficulté haha. Allez, hop hop hop, on se ressaisit.

La végétation est dense, et vraiment différente de ce qu'on avait vu jusqu'à présent dans le sud de l'île. Le Col du Taïbit évoque un personnage qu'on connaît bien, saurez-vous le reconnaître ? Réponse : Pluto.

Tête dans le guidon, on monte jusqu'au Col de Taïbit, le degré de pente par moment est juste fou. Une fois en haut c'est le moment de se restaurer et de faire une petite sieste. La température est carrément moins élevée ici, on va vite couvrir ces corps transpirants. Depuis le départ, on a croisé pas mal de trailers, c'est vraiment le sport national - avec le barbecue - petit sac à dos, gourdes souples, chaussettes à mi mollet. On observe ces tenues qu'on n'a pas l'habitude de voir en métropole, mais qui sont monnaie courante sur cette île.

Bien contents d'entamer la descente, on déchante un peu quand, arrivés en bas avec les genoux flageolants, on se rend compte qu'il reste encore 3h de marche. Naaan. Décidément cette première journée est assez difficile pour nous, nos amis eux sont de vrais cabris, ils ont pris le pli de ces reliefs exigeants. Commence à se créer une mélodie qui sera l'hymne de la Réunion pour nous, imaginez plutôt : j'ai les mamelles qui ruissellent, j'ai les guiboles qui flageolent.

Nous finissons par arriver à La Nouvelle, endroit préféré de notre Lélé et on comprend pourquoi !! C'est un village perdu, sans route, flanqué de montagnes vertigineuses et magnifiques, le tout dans un calme incroyable. Le seul moyen pour les habitants de se faire ravitailler est par hélicoptère, et on en voit d'ailleurs un qui vient rompre le silence. Nous allons faire notre première nuit en gîte - pour une fois, on n'a pas pris la tente, le duvet et tutti - et si ce soir, on n'échange pas trop avec le gérant, le gîte de demain nous fera connaître l'hospitalité réunionnaise - petit teasing !

De Cilaos à Mafate

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Jour 2 sur le GR R1 de la Réunion : ça va mieux !

Départ de La nouvelle, Mafate > Col de la Fourche > Hellbourg, Salazie

>> 20km, 1000m de D+, 8h30 de marche

Le réveil dans Mafate est tout bonnement sublime ! Les premières lueurs du soleil arrivent par rayons rasant les sommets, s'accrochant sur quelques pics rocheux, le silence comme prince du matin. Puis la lumière gagne les interstices dans la montagne. On est totalement hypnotisé par le paysage et on en profite jusqu'à ce que la boule de feu soit bien au-dessus des montagnes. On mange un bout puis on se met en route. La journée devrait être moins éprouvante car nous avons 600m de dénivelé en moins pour un petit kilomètre de plus. On sent que les jambes répondent mieux, ouf ! On attaque par une montée vers le col de la Fourche, notre point le plus haut pour aujourd'hui. L'itinéraire a été dessiné par nos amis, sachez qu'il y a d'autres alternatives, à vous d'explorer... Nous on s'est laissé porter et c'était trop bien.

Point culture : La création des cirques de La Réunion, une histoire volcanique

L’île de La Réunion s’est formée il y a environ 3 millions d’années grâce à l’activité d’un point chaud sous l’océan Indien. Deux volcans principaux, dits boucliers, ont alors façonné l’île :

• Le Piton des Neiges, au coeur de l'île, aujourd’hui éteint, a été le premier à émerger.

• Le Piton de la Fournaise, toujours actif, s’est formé plus récemment à l’est.

Le Piton des Neiges a connu une croissance rapide durant plusieurs centaines de milliers d'années. En atteignant une altitude estimée à plus de 4 000 mètres (contre 3070 actuellement), ce colosse est devenu instable. Plusieurs phénomènes ont alors contribué à son affaissement : les couches successives de lave et de cendres ont formé un édifice certes massif mais fragile, et son propre poids a exercé une pression importante sur ses bases. Par ailleurs des chambres magmatiques souterraines se sont vidées, créant des zones de vide sous la surface, notamment sur ses flancs les plus escarpés. Cela a mené à l’effondrement de son sommet et de ses flancs, formant des dépressions gigantesques. Puis l’érosion (pluies tropicales, ravines, rivières) a sculpté et approfondi les vallées, transformant ces dépressions en véritables cirques aux parois abruptes si reconnaissables.

Arrivés à mi hauteur, on se retourne et on contemple Mafate vu d'en haut, un vue magnifique dont nous avions été privés hier par les nuages. C'est splendide ! Les petites maisons aux toits colorés au milieu de ce vert intense, c'est si joli. On passe devant des vaches et un grafiti de Jace, célèbre artiste de La Réunion dont vous connaissez peut-être les bonhommes marrons qui ressemblent un peu à des petites patates.

L'arrivée au col est superbe, les pics se dressent droits devant nous, on dirait qu'ils ont été parfaitement découpés dans la roche. Le début de la redescente est vraiment à pic, en quelques pas on descend de plusieurs mètres et on entre dans une végétation encore différente, mais toujours verte :). Bienvenue dans le cirque de Salazie. On traverse de grandes forêts, les vues sont souvent à couper le souffle et de petits oiseaux nous accompagnent. Cette portion est vraiment hyper agréable, on se régale. On déjeune avec une vue sur une des innombrables cascades de ce cirque, puis je m'offre une traditionnelle petite sieste. J'avoue être assez heureuse de ma capacité à m'endormir en toute circonstance, parfait pour recharger les batteries. Je répète, c'est une portion vraiment agréable qui nous permet de discuter - et de chanter j'ai les mamelles qui ruissellent - sans trop forcer. Puis petit à petit on retrouve des traces de vie humaine, un pont suspendu, un champ de chouchou - c'est un légume et faut vraiment gouter le gratin de chouchou, miam miam - et d'adorables petits chiens. Waf. Puis nous voilà à Hell-Bourg ! Charmant petit village fleuri où les enfants s'amusent dans les rues, entourés par des sommets vêtus de brume.

Cette deuxième nuit en gîte se fera chez Didier alias "Qui c'est qui mange pas l'z'affaire là?" ! Ha, Didier... Personnage haut en couleur, à la bonhomie contagieuse, et aux punchlines inoubliables. Nous avons A-DO-RÉ notre soirée chez lui. Il a le sourire aux lèvres et le coeur sur la main. Bon, et aussi les poumons qui crient les milliers de clopes qu'il s'est enfilées. Donc, "Qui c'est qui mange pas l'z'affaire là?" est l'une des premières phrases qu'il nous a dites... Je regarde les copains habitués au créole et ils me pointent du doigt ! Mais, qu'est-ce que j'ai fait ?! Je suis végétarienne, voilà ce que j'ai fait haha. Il joue un peu le mec "ha encore une qui mange pas de viande" mais il m'a préparé un rougail zoeuf juste succulent que tout le monde me pique d'ailleurs, non mais oh - oui je suis ce genre de végétarienne. Didier nous parle de son île avec passion, il nous fait goûter ses rhums arrangés et la soirée se déroule dans les rires. Puis vient le moment du dessert, c'est un gâteau à la banane... Et je déteste la banane, ça me fait vomir... Une complicité de chiante à râleur s'est déjà installée entre nous alors je l'informe de ma réticence sur le ton de la gêne, pour qu'il en rajoute des tonnes. Ça ne manque pas, scène de théâtre délicieuse. Je lui dis que ce n'est pas grave, mais il ne l'entend pas de cette oreille et me prépare une crêpe, si c'est pas juste adorable ça. Regards jaloux de la part de mes convives hihihi. On se met au lit, contents et repus, prêts pour la journée du lendemain.

De Mafate à Salazie

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Jour 3 sur le GR R1 de la Réunion : C'est quoi ce mur de fou ?

Départ de Hell-Bourg dans Salazie, passage par le - vilain - cap Anglais, retour et arrivée finale à Cilaos

>> 16km qui nous ont paru 30km, 1900 m de D+, 8h30 de marche

En sortant de chez Didier après un bon petit déjeuner, on commence à marcher dans la ville et je dis en rigolant en regardant la montagne en face de nous : punaise t'imagines si on doit se taper cette montée-là, l'enfer ! Léa et Tibère me regardent, sourient, ne disent rien... Ohlala, j'ai compris, ça va être chaud les amis. C'est pas une montée, c'est un mur ! Au début on arrive encore à se raconter nos vies, à chanter ou à jouer à "C'est l'histoire d'un mec qui...". Et puis vient un moment où on doit s'aider des mains pour ne pas tomber. Dire que certains trailers font ce tronçon en courant - peut-être qu'ils savent voler. Donc pas le choix, on active le mode Tête dans le guidon encore une fois, et on avance. Lélé et Titib finissent par nous déposer, on les comprend, on a l'allure d'une marmotte en sortie d'hiver. Je ne vais pas m'étendre, on peut résumer la première partie jusqu'au déjeuner à un seul mot : montée. Mais les quelques points de vues sur Salazie quand on prend le temps de se retourner sont magiques. On ne fait pas l'erreur de s'arrêter avant d'être arrivés en haut où nous dégustons nos sandwichs après 4h d'ascension. Petite sieste où Geoof me rejoint. Puis ça repart.

La deuxième partie de la journée consiste à rejoindre le camp de base situé avant la dernière montée vers le Piton des Neiges que nous ne monterons pas pour cause de travail. Là c'est super sympa, on voit la plaine des cafres et au loin le Piton de la Fournaise. Nous sommes en terre volcanique capitaine. Il fait un temps radieux, on adore.

On se fait une petite pause au camp et bon, on se dit dans nos têtes qu'on est quand même un peu fatigués... Mais ce n'est pas fini, malheureux et malheureuses ! Nous allons descendre ce qu'ils appellent ici le Bloc. Bon et là pareil, je ne vais pas vous faire un roman, je vais résumer ce moment à : descente. Oui, mais descente en escalier, ce qui n'est pas forcément plus agréable... Aïe aïe aïe les genoux cagneux ! Et puis on commence à voir Cilaos, c'est si beau... Puis commencent à arriver les pensées de fin de trek, la bonne pizza, la douche chaude, le lit réconfortant. Voilà, la boucle est bouclée, on est si heureux d'avoir partagé cet effort et ces trois jours avec nos amis. Nous reviendrons...

Conclusion :

On a adoré ce trek de 3 jours dans les cirques de la Réunion, et si c'était à faire on serait peut-être rester un jour ou deux de plus dans Mafate pour découvrir d'autres endroits reculés et on aurait tenté le lever du soleil au Piton des Neiges. Juste pour surplomber un peu l'Océan Indien. Dormir en gîte nous a permis de partir léger et de rencontrer Didier mais je crois qu'au fond, j'adore galérer, porter ma tente et m'endormir dans la nature.

From La Réunion with love.