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Le chemin de l'Inca : 4 jours de trek hors du temps

Dernière mise à jour : 23 oct. 2020

Enfin c'est le grand départ ! Le départ pour quatre jours de trek sur le chemin des incas qui nous mènera jusqu'à la renommée cité Inca, jusqu'au fameux Machu Picchu, comme ils le faisaient à l'époque. 43 kilomètres, 23 heures de marche, 3500 mètres de dénivelé positif nous attendent.


Pour tout vous dire nous avons un avis plutôt mitigé sur le trek non pas à cause des paysages ou du trek en lui-même qui est sublime mais surtout à cause du prix exorbitant et du coté super touristique et hyper encadré de cette activité en nature. Si vous voulez faire ce trek il vous faudra premièrement réserver votre place 6 mois à l’avance et deuxièmement vous délester de 600€ qui incluent nourriture, logement en tente, entrée au Machu Picchu et au Huayna Picchu et retour vers Cusco en train. À titre comparatif si vous voulez seulement faire le Machu Picchu sur la journée avec un allez-retour en train et monter le Huayna Picchu il vous en coûtera environ 200€ ! C’est de loin l’activité la plus chère que l’on ait faite en Amérique du sud.


Le lama, un compagnon de trek des plus cocasses

Les présentations

On vient nous récupérer à 4h00 du matin, le réveil est difficile, Léa est un peu tourmentée intestinalement parlant, Tibère aussi d’ailleurs. Alala quelles petites natures ces médecins ! Mais non, que dis-je ? Dans un élan de bravoure démesurée ils surmontent leur handicap rectal et nous voilà en route pour le trek de l'inca, tous ensemble. Notre groupe se compose de George et Thomas nos amis français, de Bruce un néerlandais assez atypique, d'une famille d’Allemands avec leurs 3 enfants, d'un vieux couple de Norvégiens et bien sûr de nous autres, j’ai nommé les 4 fantastiques ! Tout ce beau monde est encadré par deux guides, René et El Puma fils de chaman accroc à l'ayahuasca ainsi que d’une ribambelle de porteurs qui vont faire tout le trek avec environ 20kg sur le dos pour les tentes, chaises, tables, nourriture et sacs... Sacs ? Et oui, en voyant que tous nos autres compagnons ne portent pas de sac à dos nous commençons à nous poser des questions ? La réponse est simple, ils ont tous payé 150$ de plus pour qu’on porte leurs affaires. À croire qu’il n’y a que les Français qui possèdent une fierté en ce monde. Nous défendrons donc notre honneur même si nous devons y laisser un genou - n’est ce pas George ? - personne ne portera notre sac pour un trek tel qu’il soit… Hi Pakou, outchen de mi a outchebé… Je m’égare.


La fine équipe

Jour 1 : le départ

C'est la journée la plus facile avec pas mal de dénivelé mais bien réparti sur toute la journée. Nous aurons seulement deux petites montées bien raides, rien de bien méchant, la journée parfaite pour commencer. On se jauge, on se découvre, on se mesure, chacun essaye de faire sa place dans la file, les hommes aux hormones florissantes jouent des coudes pour prendre la tête du groupe et c'est finalement Bruce qui s’y colle. Typiquement hollandais, bon sprinteur mais aucun sens tactique pour la suite de la « course » même s'il finira le premier jour avec une belle avance. Un des ados de la famille allemande a vraiment du mal, il vomit tout ce qu’il a dans les entrailles et il est tellement blanc qu’on pourrait voir à travers lui… Avec notre gentillesse et notre sens de l’humour infaillible nous le surnommerons Le zombie. Mais trêve de plaisanterie, il est vraiment mal et ils sont à deux doigts de faire demi-tour, nous avons de la peine pour lui, pour eux. Finalement ils continueront, une belle force de caractère ! On nous donne des feuilles de coca et un catalyseur à base de cendre que l'on s'enfourne dans la bouche, bien au fond entre les molaires et la joue - hummm - et que l'on doit mâchouiller pour nous donner de l’énergie et combattre le mal des montagnes. Les effets varient selon les gens, moi ça m’anesthésie la joue et je ne vois pas d’autres effets particuliers. Nous apprenons à connaître nos guides. René est très enjoué, bon blagueur et puit de connaissances, c’est un super guide vraiment. El puma quant à lui est plus discret mais il vaut vraiment le détour, entouré de mysticisme c’est un sketch à lui tout seul. D’ailleurs il me posera une question au début du trek lors d’une discussion animée sur l’introspection, la nature et les animaux totem :


Quel est le cinquième élément ?


Vous avez l’article pour y répondre :). En revanche et à mon grand regret il y a très peu d’interactions avec les porteurs. Nous marchons et nous passons par une première ruine inca du nom de Llactapa, magnifique ! Il s'agissait du poste avancé de la vallée sacré. Avec Thomas nous avons la chance d'observer un colibri extrêmement rare au bec deux fois plus long que son corps. Nous arrivons enfin au camp, là une petite bière nous attend pour savourer cette première journée puis s'ensuit une séance d’étirements dirigée par George notre kiné adoré… C’est vraiment plaisant d’avoir un kiné dans ce genre de trek. Nous passons ensuite à table où nous nous rendons compte que nos amis du nord mangent très peu : tant mieux pour nous haha. Nous nous ferons un plaisir d’honorer ce repas et au lit.

NB : la qualité des repas du petit dej au diner est vraiment top, mes compliments au chef.




Jour 2 : les cuisses chauffent

Le jour le plus compliqué du trek sur le plan sportif. Nous gravirons deux beaux cols, un premier le Death Woman Pass à 4200 mètres puis nous descendrons sur le flan opposé jusqu'à 3050 mètres pour monter ensuite un autre col à 3650 mètres avant de redescendre au camp numéro deux. Pour ce faire nous nous levons à 4h30 au son de cette douce phrase devenue réplique pour nous « coca tea, coca tea » une concoction à base de coca que le porteur vient nous mener dans la tente et que Manon apprécie grandement haha. C'est parti ! Une fois de plus Bruce prend les choses en main et nous met littéralement un trou, les muscles sont chauds et Manon et moi-même trustons les places d’honneur. Les paysages sont une fois de plus éblouissants et de se dire qu’à une époque pas si lointaine un grand nombre d’incas a foulé ce même chemin sacré pour se rendre en pèlerinage au Machu Picchu est assez troublant et, bizarrement, nous emplit de fierté. Nous entamons la redescente du col sur l'autre versant puis nous déjeunons. Tout le monde est au bout du rouleau mais ce n’est pas fini, nous attaquons le deuxième col moins haut et moins dur que le premier mais avec la fatigue accumulée c’est un enfer, le corps a du mal à s'activer surtout après le bon repas et la petite sieste au soleil de la pause déjeuner. Finalement nous repartons tant bien que mal et Bruce mène toujours la danse mais il commence à montrer des signes de faiblesse. Le reste du peloton ne change guère, bien qu’un des jeunes Allemands montre des signes d’avidité. À mon avis celui-là cache bien son jeu pour le moment. La descente se fait sous la pluie et le froid, c'est le risque car on arrive dans la salva alta - jungle haute. C'est assez dingue, la végétation change totalement. Nous passons par deux autres villages incas où René nous explique les us et coutumes de ces derniers. Tout était régi par l'astronomie et la présence de la nature. Vous trouverez des temples de la lune ou des temples du soleil dans toutes leurs constructions car les astres tenaient une place prépondérante dans leur croyance tout comme la terre, la nature… D'ailleurs, si vous buvez quelque chose vous devez d’abord souffler dessus pour en envoyer aux montagnes puis en renverser un peu sur le sol pour la Pachamama, la terre mère. Soudain je vois passer El Puma en T-shirt par -8000 degrés et je lui demande s'il n’a pas froid. Il me regarde d’un regard noir, intense et profond et me répond « le puma n’a jamais froid ». Vous aurez compris que le puma est son animal totem vu lors d’une introspection à l'Ayahuasca. Nous arrivons au second camp de base trempés et la pluie ne s’arrête toujours pas, c’est très désagréable. Ce fut vraiment une journée difficile surtout pour nous autres Français avec nos gros sacs à dos. Faute de pouvoir sortir, nous passons le temps comme nous pouvons avec des jeux du style = « tu préfères perdre 3 orteils ou manger un lama mort cru ? ». Une fois de plus notre intelligence éblouit l'assemblée. Enfin la pluie cesse et, ironie du sort, notre camp de base est entouré de lamas. Nous prenons quelques photos et tentons des approches mais toujours avec prudence, le lama est un animal très fier. Allez il est temps de manger un bout et au lit.



Jour 3 : des sites incas incroyables

Une fois de plus nous voici levés aux premières lueurs du jour sous les « coca tea » des porteurs… Aujourd’hui on devrait arriver au camp assez tôt, c'est une petite journée qui nous attend après une montée honorable qui nous fera traverser de superbes paysages et longer une falaise. Nous arrivons à un point de vue spectaculaire avec un panorama de 360° à vous couper le souffle depuis lequel on aperçoit enfin la petite montagne du Machu Picchu… Trop bien, on en prend pleins les mirettes c’est superbe ! Tout à coup la brume arrive et plus rien, le spectacle est fini, on remballe. Pas grave on allait entamer la descente il nous reste juste quelques heures avant l’ultime camp de base. Bruce est toujours devant mais ce n’est plus qu’une question de minute, il est au bord de la rupture ainsi dans une magnifique manoeuvre nous lui mettons un intérieur digne de Neil Amstrong pour prendre la tête de la course que nous ne quitterons plus jusqu'au camp de base. Le jeune allemand nourrit de velléité de victoire se cale dans notre sillon à distance respectable mais nous garde toujours en ligne de mire… Celui-ci, je me répète, il prépare un mauvais un coup. Malheureusement nous perdons un compagnon sur blessure, George se fait mal au genou dans une manoeuvre mal avisée pour son âge et doit reculer en queue de peloton. Arrivés en bas un nouveau site inca s’offre à nous, nous prenons le temps de l’explorer et de nous y reposer car par chance un superbe soleil nous accompagne. Puis nous arrivons au camp et là, miracle : pour la première fois il nous est offert la possibilité de prendre une douche ! Gelée et sans débit mais une douche quand même. George arrive à se soigner avec un tonifiant pour cheval interdit en France et fourni par René et cela fait des merveilles. En fin d’après-midi nous nous rendons sur un autre site incas qui, pour moi, est encore plus époustouflant que le Machu Picchu. Légèrement plus petit, il se situe dans une vallée encastrée et entourée de magnifiques cascades, il donne sur un superbe glacier au loin. C'est un amphithéâtre de terrasses vertes. Nous y vagabondons pendant deux bonnes heures et profitons du coucher de soleil. Quel sentiment merveilleux de déambuler dans ces lieux seuls car oui il n'y a quasiment pas de touristes et d’imaginer à quoi pouvaient servir telle ou telle pièce… C’est vraiment apaisant pour l’âme.



De retour au camp une sorte de cérémonie est organisée pour nous présenter les porteurs que nous avons sympathiquement baptisés les Hodor en référence à Game of Thrones. C’est très timidement qu’ils se présentent à nous, nous échangeons quelques banalités… Ils sont surtout tous obnubilés par la lampe solaire de Manon et tentent par tous les moyens de lui échanger mais vous connaissez la rigidité légendaire d’une du Plessis de Grenédan, la lampe restera sienne. Puis le cuisinier nous offre un superbe gâteau pour nous dire adieu. Sur ce, René nous explique le programme de demain et demain est un jour spécial ! On va découvrir le Machu Picchu. Un autre avantage du trek réside dans l'arrivée par la porte de la lune qui offre une vue plongeante magnifique sur le site avec le lever de soleil en fond et qui surtout est un privilège car il n’y aura encore personne d’autre que les groupes ayant fait le trek. Cependant nous sommes au moins une douzaine de groupes et premier arrivé premier servi ! Aussi il nous faudrait être au plus tard à 3h00 du matin à l'entrée alors que les portes ouvrent à 5h00, une merveilleuse nuit s'annonce à nous. Ah et alors le cinquième élément ? Le soleil...


Allez, à demain pour découvrir cette merveille de Machu Picchu.


From el Camino del Inca with love.


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