Si vous ne connaissez pas le parc de Torres del Paine et son trek c'est que vous vivez dans un bunker depuis un petit moment. Élu plus beau parc d'Amérique du sud - ouai ouai, pas seulement du Chili - par Lonely Planet, Torres del Paine est dans la bouche de tous les voyageurs. Tout le monde veut y aller, tout le monde veut dire qu'il l'a fait, tout le monde veut sa photo aux pieds des tours.
La dite photo aux pieds des tours
Du coup on s'est dit qu'après la rencontre avec les baleines de Puerto Piramides et l'escapade à l'incroyable glacier Perito Moreno, un trek en montagne serait pas mal, différent, non ? Et puis maintenant que nous sommes tout proche, on y va ? Allez, on y va !
Puerto Natales
Pour préparer l'aventure, quoi de mieux que la très accueillante petite bourgade de Puerto Natales située au bord d’un grand lac à quelques dizaines de minutes de la frontière. Car oui, vous l'aurez compris, nous sommes maintenant en terre chilienne et ce pour quelque temps. Nous y passons une journée entière à organiser le trek... C'est un enfer, tout est compliqué, illogique, agaçant. Mais ça je l'explique en détail dans cet article. Les campings réservés, nous nous préparons mentalement et en équipement pour les sept heures de marche quotidiennes que nous allons réaliser pendant 4 jours, une première pour nous quatre. Achat de nouilles et autres moyens d'alimentation, préparation méticuleuse des sacs : une tenue de marche, une tenue de nuit, la tente, le sac de couchage, le réchaud, la casserole, le savon, la brosse à dent... On est fin prêt. Demain matin on se lèvera tôt pour atteindre le point de départ du trek à 1h30 de la ville et ainsi attaquer notre première journée...
LE TREK
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Jour 1 : montée et descente de Las Torres, le graal du parc
7h00 de marche - 18km à parcourir
On est encore beau, insouciant et on sent bon...
Comme nous sommes des renards particulièrement futés - n'est-ce pas la caractéristique première des renards ? - nous choisissons de ne pas laisser nos gros sacs à dos au camping qui se situe au départ du trek et où nous allons passer la prochaine nuit... Nous allons donc faire la randonnée avec environ 8kg inutiles sur le dos, chacun. Mmmmh, grossière erreur ! Le trek est éreintant, ce n'est quasiment que de la montée et la dernière heure se rapproche plus de l’escalade que de la randonnée. On arrive en haut en 4 heures à moitié dead, complètement trempés de sueur mais, comme souvent en montagne, nous sommes émerveillés par le spectacle qui s'offre à nous ! Et oui, l'effort est directement récompensé à la vue de ce magnifique paysage de Las Torres. L'esprit est vraiment capable de vous faire oublier le mal, la douleur en un claquement de doigt. Le lac aux pieds des trois tours est encore gelé et la neige est au rendez-vous. Les trois pics rocheux nous surplombent de toute leur hauteur et nous renvoient à notre condition d’humain minuscule. Le calme qui règne est extrêmement apaisant, on se croirait au milieu d’un paysage du Seigneur des Anneaux. Les reflets et les lumières sont eux-aussi tout droit sortis d’un roman de Tolkien. En plus, on est quasiment seul, ce qui est rare maintenant que ce trek est devenu prisé. Ça a du bon d'être hors saison !
Le seigneur des anneaux : les Trois tours
Pas le temps de rêver plus d'une heure, place à la descente ! Nos genoux et nos chevilles sont mis à rude épreuve. Je crois que je préfère monter, en fait... Le corps doit sans arrêt être retenu, on a envie de courir mais nos jambes ne nous le permettent plus. Vous pouvez imaginer notre bonheur à la vue du camping, on se félicite d’arriver au camp avec 1 heure d’avance. Au programme ? Se doucher, manger, dormir. Wow...
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Jour 2 : du camping central au camping Italiano
6h30 de marche - 16km à parcourir
Le sourire ? Toujours !
Ça monte un peu puis ça descend, ça remonte puis ça redescend. Rien à voir avec la veille mais nos sacs sont lourds et nos corps accusent déjà le coup. Le chemin qui longe le grand lac est superbe, une fois de plus on se croirait en mission pour détruire l’anneau unique. Les références fusent à tout va, Geoof et son "vous ne passerez pas !" animent la journée. On arrive avec plus d’une heure d’avance, on se surprend à être de véritables trekeurs et à aimer ça. Mais petit problème... Geoof n’arrive plus à plier la jambe gauche, la faute à ses pieds plats, Manon n’arrive plus à lever un bras, Marine a des ampoules pleins les pieds et Isabelle a la hanche en compote. De véritables trekeurs du dimanche ouai. Le camping est rudimentaire, il n'y a pas de douche, les toilettes sèches sont assez horribles. Mais qu'importe, on n'est pas venu pour le luxe ! Une bonne heure d’étirement, des nouilles au réchaud, un carreau de chocolat et au lit. On se sent tout de suite mieux.
Pas de vent en terre patagone pour un reflet somptueux
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Jour 3 : du camping Italiano au mirador Británico
5h00 de marche aller-retour - 10,4 km à parcourir
puis du camping Italiano au camping Paine Grande
2h30 de marche - 7,8 km
Ouai, on est un peu fatigué.
La montée vers le mirador est de nouveau sacrément belle et longue mais comme on apprend de ses erreurs, on ne prend que deux sacs chargés au minimum en nourriture, en eau et en vêtements chauds. Geoof est vraiment mal en point. Les filles se sacrifient et portent les deux sacs à tour de rôle, elles avancent bien. Quant à l’estropié il est un peu derrière tentant tant bien que mal de suivre la cadence avec en guise de béquilles deux jolis bâtons ramassés en chemin. Le mirador Británico n’est pas super, on est un peu déçu mais le chemin lui est spectaculaire. Comme on dit, souvent ce n'est pas le résultat qui compte mais le chemin entrepris pour y arriver. On voit toute la vallée, des glaciers et cette montagne majestueuse, toujours. On a la chance d’assister à deux avalanches tout aussi sonores que spectaculaires. Grandiose !
Sur la route du Mordor, euh mirador
De retour au camping, on choppe nos affaires puis on trace vers le dernier camping de cette aventure. On avale littéralement la dernière partie du trek en moins de deux heures, au mental et avec comme carotte juteuse la douche et une bonne nuit de sommeil. Oui ça change pas beaucoup des jours précédents. La douche est un petit filet d'eau tiède, on râle mais elle nous contente. On s'offre un restau, erreur, erreur, pas top et cher et puis enfin notre tente douillette.
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Jour 4 : du camping Paine Grande au parking
8 heure 30 de marche - 25km à parcourir
On a de petits yeux non ?
Geoof a toujours mal au genou et puis on ne sent pas de faire tout le trajet retour avec nos gros sacs chargés à bloc. Alors d'un commun accord - c'est comme ça que marchent les bonnes équipes - on décide de mettre toutes nos affaires dans 3 sacs que Geoof et Isa prendront sur un bateau qui les mènera à la route hors des sentiers pendant que Marine et Manon se lanceront sur le chemin de retour avec un petit sac de vivres. Elles récupèreront ensuite la voiture et viendront chercher les deux éclopés. C'est parti, on se sépare pour les huit heures à venir. Bonne courage les filles, vous gérez.
The Lonely Mountain
Sur le chemin du retour en voiture, c'est épuisés que nous lâchons les vannes devant ce paysage incroyable de montagne sur fond d'une lumière transcendante. Cette fin du jour nous offre un moment hors du temps, comme pour nous féliciter. Il faut dire au revoir à cette première belle expérience de trek. C'est donc fini. On l'a fait, on est fier, on en redemande ! En attendant, on se retrouve bientôt à Ushuaïa pour la fin du séjour des amies renardes.
From Torres del Paine with love.
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