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Le trek Ala Kol au Kirghizistan

Après une journée de voyage pour arriver à Karakol depuis Naryn et quelques préparatifs pour le trek, nous voilà fin prêts ! C'est parti pour découvrir le lac Ala Kol et son "pass" à 3920 m d'altitude. C'est parti pour 3 jours de marche, pour 45km et 2000 m de dénivelé positif. C'est parti pour l'aventure !


INFOS PRATIQUES

DANS NOTRE SAC À DOS



Vue panoramique sur le lac Ala Kol turquoise entouré de montagnes enneigées et de vallées verdoyantes, capturée sous un ciel nuageux.
Sans plus attendre, la voici, la voilà, la magnifique vue sur le lac Ala Kol depuis le pass à 3920 m d'altitude

 


RÉCIT DE NOS TROIS JOURS DE TREK ALA KOL



Jour 1 : de Karakol à la cascade juste avant le lac Ala Kol

Distance : 21,7 km

Dénivelé positif : 1420 m

Dénivelé négatif : 50 m

Durée : 8h24


Nous avons pris notre temps ce matin et nous sommes un peu à la bourre sur le timing qu'on s'était fixé, le petit déjeuner était juste trop bon. Grâce aux explications de notre hôte, nous ne trouvons pas l'arrêt du bus qui nous approchera du départ du trek haha. Nous voilà en train de demander aux passants dans la rue, téléphone à la main, vive google trad ! C'est bon, c'est ici, merci bien. Une fois de plus, nous sommes les seuls touristes dans ce bus public et on commence vite à nous poser des questions et à s'intéresser à nous. "Vous allez faire le trek Ala Kol ? Vous êtes courageux". Haha, qu'est-ce que ça veut dire ça ? On a lu que ce n'est pas un trek pour débutant, qu'il y a de la difficulté, on parle même d'un niveau hard... Mmmh. On verra bien.


Après un deuxième bus qui nous a pris en stop pour nous avancer un peu plus car le premier nous laisse vraiment loin du départ, nous voici sur les sentiers, le soleil avec nous, et ça c'est génial. La végétation est totalement différente de ce que nous avons vu jusqu'à présent. Alors que nous n'avions pas croisé un arbre, comme en Islande, voilà que nous marchons au milieu d'une forêt dense de sapins tout en longueur qui grattent le ciel. C'est franchement superbe, il y a un petit côté alpin même si je dois dire que je trouve un supplément d'élégance à ces sapins-là. Des chevaux en liberté me rappellent rapidement que je suis bel et bien au Kirghizistan, et c'est toujours un vrai bonheur de les voir gambader en pleine nature. Nous suivons un fleuve qui nous permet de remplir les gourdes dès que nécessaire et le chemin est boueux, voire très boueux par endroit. Nous cherchons du bout des pieds le petit lopin de terre plus solide que le reste. Je tâtonne, j'en ai un, je m'élance, et patatra ! Je suis engluée dans la boue haha. En plus, mes nouvelles chaussures de rando ne se montrent pas géniales du tout, malgré le prix, car elles ont craqué des deux côtés sur la même couture - merci North Face - et donc elles ne sont plus étanches. Voilà, voilà :)


Paysage kirghize de type alpin avec une rivière sinueuse traversant une prairie verte, des chevaux pâturant au pied d'une forêt dense de conifères.

La première portion est relativement plate, ce qui permet de se mettre en jambe tranquillement tout en profitant du paysage. Nous découvrons une vallée magnifique, traversée par un fleuve bleu laiteux sublime. C'est un paysage de grandeur et on s'arrête souvent pour le contempler. On passe d'ailleurs un long moment au niveau d'un petit lac, il y a des chevaux qui pâturent au milieu et des reflets parfaits, c'est vraiment magique.


Aujourd'hui on aimerait avancer le plus loin possible, et peut-être même atteindre le tant attendu lac Ala Kol dès ce soir ! On arrive au pont suspendu en début d'après-midi, on le traverse, et là, les choses sérieuses commencent : une énorme montée avec un degré de pente très élevé... Franchement, quand on lève les yeux, c'est assez décourageant. Mais bon, pas le choix, on est venu pour ça non ? On regarde le sol, on met la machine en route, un pas après l'autre, c'est pas plus compliqué.


Quelques heures plus tard, on se retrouve en plein Mordor à slalomer entre les rochers. Le sentier est quasi inexistant, ce n'est pas évident de se repérer - on se trompe d'ailleurs une fois - mais on finit tout de même par arriver au camp de yourtes Sirota vers 17h. On fait une petite pause et là, surprise ! Qui va là ? Notre ami Chris la fripouille rencontré lors du trek à cheval de 3 jours à Song Kol. Gros câlin, on discute un peu, on fait l'état de nos corps, de nos plans mais on n'a pas le temps de traîner. On ne dort pas dans ce camp, et on ne veut pas se refroidir, il ne fait pas très très chaud voyez-vous, alors on continue à monter au maximum. Il doit nous rester 500 mètres de dénivelé, soit 1h30 de marche, pour atteindre le lac. C'est encore plus pentu que tout à l'heure ! Je ne sais pas où on trouve la motivation pour avancer honnêtement, mais on y va...


Malheureusement, nous ne sommes pas au bout de nos peines. En l'espace de 3 minutes, il se met à grêler et à pleuvoir. Nos vestes nous protègent bien, mais on a tout le reste du corps trempé. La pluie ne s'arrête pas. Je commence à me décourager, et Geoof à râler après la terre entière. On est vraiment au bout. Heureusement, Rony et Léa ne cessent de nous encourager et de nous motiver, ils sont trop mignons. Merci les copains. On finit par arriver au pied de la cascade qui se situe "juste" avant le lac. L'atmosphère est pesante sous la pluie, on est frigorifié, j'ai marché en short et j'ai les jambes écarlates du froid. Honnêtement, je jette l'éponge, j'arrête ici. Léa commence à bien fatiguer aussi alors on décide tous de s'arrêter. Le sol est trempé et l'endroit très escarpé, ça va être compliqué de poser la tente, mais bon, pas le choix, on n'en peut plus. On commence à s'affairer sous la pluie. Et puis, comme d'habitude au Kirghizistan, le petit miracle se produit : la pluie s'en va comme elle est arrivée, sans crier gare, et laisse place à un soleil de fin de journée radieux. Ni une ni deux, on se change, on met nos vêtements à sécher et on prend le temps d'observer autour de nous. Attention scoop : c'est magnifique. On campe au pied d'une jolie cascade, derrière nous se trouve l'ultime montée - punaise elle a l'air hard - avec le lac caché un peu plus haut, et devant nous on voit toute la vallée que nous venons de grimper. On aperçoit le camp Sirota, tout petit vu d'ici, c'est superbe. Même si on s'est un peu réchauffé, on est exténué, donc on fait vite à manger et on va au lit. Ce soir, pas de cartes, pas de discussion, rien. C'est dodo illico presto ! Et ainsi prend fin la première journée, on s'en rappellera de celle-là.



Notre première journée du trek Ala Kol

 

Jour 2 : de  la cascade juste avant le lac Ala Kol à Altyn Arashan

Distance : 15 km

Dénivelé positif : 540 m

Dénivelé négatif : 1430 m

Durée : 10h24


On se réveille aux premières lueurs du jour, et bizarrement, ça ne va pas trop mal pour nous. On est en forme et motivés. On plie la tente, on fait les sacs, et on est prêts à partir rapidement. Malheureusement, ce n'est pas le cas de Léa, elle est tombée malade hier avec le froid et ça ne s'est pas arrangé durant la nuit. Elle a de la fièvre et se sent très faible. La pauvre, elle est toute blanche, ça nous rend tout tristoune. Ils choisissent d'y aller doucement, de prendre leur temps pour petit déjeuner et de nous laisser partir devant. On convient de les attendre au pied du lac et on se met en route. Les aprioris de la veille se montrent bons, ça monte sec. Le degré de pente est élevé, le sol est instable, mais on arrive assez facilement en haut.


Waouh, le lac est magnifique. Pas un souffle de vent, donc des reflets partout, avec la lumière du matin qui change rapidement. On en prend plein les yeux. On s'installe pour le petit-déjeuner, on prend des photos, on profite. Soudain, un couple arrive en tenue d'Adam et part se baigner. Eh bien, ils sont courageux ! Nous, on passe notre tour pour ce lac, on dira qu'on a déjà donné à Kol Suu haha. Le temps passe, on commence à avoir froid, et toujours pas de Rony et Léa en vue. On se met à leur recherche, essayant de les apercevoir dans la montée mais on ne les voit pas. La journée s'annonce longue, et on ne sait pas trop quoi faire, on a envie de les attendre mais on n'est pas les plus rapides non plus... Bon gré, mal gré, on décide de continuer notre route un peu à contre coeur... C'est à ce moment-là que Rony apparaît et nous annonce la mauvaise nouvelle : Léa ne va pas bien du tout, ils vont rebrousser chemin, elle ne se sent pas de continuer. On est trop triste pour eux. Rendez-vous dans deux jours à Karakol, les amis. On continue notre chemin sur les bords du lac. Les paysages sont de plus en plus beaux, avec des pics enneigés et des glaciers qui s'écoulent en méandres dans le lac.


Magnifique lac Ala Kol, turquoise, niché au pied de falaises montagneuses abruptes striées de neige.

On arrive au pied de l'ultime montée, qui est bien pire que tout ce qu'on a eu jusqu'à présent, sûrement parce que c'est la dernière et qu'on a déjà un jour et demi de montée dans les pattes. Il nous faudra quasiment 3 heures pour faire ces 2 km et ces 400 mètres de D+. Ici, il n'y a plus du tout de chemin, on marche sur des éboulis de pierres, et il y a pas mal de chutes de cailloux. Tout ceci n'est pas très rassurant, mais une fois de plus, on finit par y arriver. Youpi, Ala Kol pass, 3920 mètres, le point culminant du trek, nous voici. On a de la chance, quand on arrive au sommet, il n'y a personne et le temps s'améliore. On a une vue à 360 degrés, super dégagée, avec d'un côté le lac, les sommets enneigés, les glaciers, puis de l'autre, de sublimes montagnes vertes et marron. Quel panorama ! On mitraille à tout va, on sort enfin le gros téléobjectif - Geoof ne l'aura pas porté pour rien ^^.


Puis, il est déjà - ou enfin, ça dépend du point de vue - temps de redescendre.


My God, le premier tronçon de la descente est tellement pentuuuuu. Franchement, ça paraît impossible de le faire sur ses deux pieds, Geoof opte d'ailleurs pour des glissades sur le popotin. Ça fonctionne plutôt bien, hormis la destruction de son pantalon. Moi je tente la technique du planter de bâton, ça marche pas trop mal non plus. Ensuite, il nous faut traverser quelques plaques de neige bien glissantes, et on arrive enfin dans l'herbe avec un degré de pente acceptable. Ne serait-ce pas l'heure de manger ? On s'installe mais très vite, on est rattrapé par Mère nature, et on commence à entendre le tonnerre. Ça se couvre sérieusement et rapidement. On connaît l'histoire maintenant, on ne s'y fera pas prendre, on avale nos sandwichs en quatrième vitesse et on se remet en route en espérant très fort ne pas se faire rattraper par la pluie... En vain, bien entendu. Quelques dizaines de minutes plus tard, elle est sur nous, et bien comme il faut. Les passages de rivières sous la pluie ne sont pas super agréables, j'ai carrément abandonné tout bon sens et je traverse sans remonter mon pantalon haha. Ça sert à rien il sera trempé quoiqu'il arrive, mais c'est surtout la fin de la descente qui est difficile... On patauge dans la boue, ça fait des semelles de plâtre sous nos chaussures, et bien sûr, Geoof chute à de multiples reprises - ce qui me fait bien rire mais chut ^^.


Le soleil finit par revenir, et on arrive à Altyn Arashan en fin de journée, couverts de boue. On décide de traverser le village et de continuer un peu à la recherche des sources d'eau chaudes naturelles qui doivent normalement se trouver un peu plus loin au bord de la rivière. Chaque petit camp de yourtes a les siennes, mais ce sont des sources aménagées, généralement à l'intérieur de petites cabanes - des fois dans le noir - et ça ne nous fait pas spécialement rêver. Geoof a vu sur Instagram qu'il en existait des naturelles, en plein air et juste au bord de la rivière, avec vue sur les sapins. On cherche et on trouve en chemin un magnifique spot au bord de cette même rivière pour poser la tente. C'est magnifique. Une équipe de Pakistanais est là et nous observe pendant que nous montons la tente, et même après. On est en train de se changer qu'ils ne nous lâchent toujours pas des yeux, c'est un regard insistant et pesant, ils ne parlent pas entre eux et ne dégagent pas vraiment de sympathie. Ça fait une heure qu'ils sont là et c'en devient un peu étrange, ça finit même par nous mettre mal à l'aise. Il faudra finalement que Geoof s'énerve et les invective pour qu'ils mettent les voiles.


Une fois la tente montée, on se met en route vers les sources d'eau chaude. Elles sont à même pas 5 minutes du campement, et elles sont vraiment belles. Il y a 2 petits bassins. On s'installe dans l'un d'eux et, mon Dieu, quel bonheur : tous nos muscles se détendent, nos crampes disparaissent, quel pied ! Elle n'est pas SUPER chaude mais ça suffit à faire du bien. À côté de nous, un États-Unien tente de prendre des photos fait tomber son appareil dans l'eau, oupsi, la loose. Une fois le bout de nos doigts bien fripé, on rentre à la tente. On mange un petit sachet de bouffe déshydratée signé Décathlon, et pouf, au lit, avec une pensée pour nos amis allemands qui auraient adoré cet endroit. Au milieu de la nuit, je me réveille en panique, j'ai l'impression qu'on me lance des cailloux sur la tête. Geoof me calme en me disant que ce n'est qu'un cauchemar, que je peux me rendormir. La pluie redouble d'intensité, les éclairs illuminent la tente mais je finis par repartir au pays... Des cauchemars ! Je me réveille 10 minutes plus tard en panique : "Il y a quelqu'un, ça sent le chien mouillé, j'en suis sûre, va voir s'il te plaît." En bon samaritain, Geoof sort sous la pluie, armé de sa frontale, pour constater qu'il n'y a personne. Je crois que les Pakistanais ont laissé des traces. Je finis par me rendormir... Geoof pas, haha.



Notre deuxième journée, splendide, inoubliable

 

Jour 3 : de Altyn Arashan à Ak-Suu

Distance : 15 km

Dénivelé positif : 80 m

Dénivelé négatif : 1100 m

Durée : 5h00


Le dernier jour est plutôt tranquille, c'est une descente en faux plat qui longe une grosse rivière, avec quasiment aucune difficulté. On plie la tente et on se met en route. Je ne sais pas pourquoi, sûrement l'envie de rentrer, de se laver et de manger un burger, mais on imprime un rythme assez incroyable pour nous. On part en dernier du village et, petit à petit, on double tout le monde... On recroise Chris et son groupe de potes, on marche un peu avec eux, mais on finit par les déposer eux aussi. J'ai des ampoules énormes, elles me font trop mal alors je finis le trajet en tongs. C'est la French touch. On arrive à la fin du trek à 13h, on a vraiment speedé, et en plus, la chance nous sourit : à peine arrivés au village, on discute avec une Kirghize qui nous connecte à un couple d'Autrichiens possédant un véhicule de location. Ils sont super cool et nous prennent en stop, sans qu'on ait eu à lever le pouce. Royal. On n'aura même pas attendu 2 minutes, et on a évité de payer un taxi ou un bus. Allez hop, direction Karakol, on va prendre des nouvelles de nos compagnons allemands, et se reposer !



From Ala Kol with love

Le lac Ala Kol aux eaux turquoise si belles dans lequel se reflètent des montagnes escarpées

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