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Trois jours à Bokonbayevo, et notre meilleure soirée au Kirghizistan

C'est parti pour quelques jours sur la côte sud du géant lac Issyk-Kul, près de Bokonbayevo où nous avons passé la plus belle soirée de ce voyage avec la meilleure compagnie.


Au programme :



 

La chasse à l'aigle

En arrivant à Bokonbayevo, nous avons vécu un moment d'échange incroyable, nous avons rencontré un berkutchi (un aiglier) et son aigle royal. Nous avons appris tellement de choses sur cet animal fascinant et cette pratique ancestrale, c'était vraiment vraiment génial. Si ça vous intéresse, voici l'article dédié : La chasse à l'aigle au Kirghizistan.


 

Deux jours chez Erkin au bord d'Issyk kul vers Bokonbayevo


Un moment hors du temps où toutes les étoiles se sont alignées.

Je vais vous parler d'une autre facette de nos voyages en sac à dos qui me laisse toujours un énorme pincement au cœur rien qu'en écrivant ces mots. Mais commençons par le début.


À Karakol, nous avons retrouvé Chris la fripouille, un des compagnons de voyage avec qui nous avons partagé le trek à cheval de trois jours à Song Kol, et il nous a présenté ses deux nouveaux super copains Flavio et Sterre, un adorable couple suisso-belge. Toujours à Karakol, dans notre auberge le Duet Hostel, nous avons fait la connaissance du trio infernal canadien Andres, Guillaume et Marianne avec qui le courant est tout de suite passé. Tout ce petit monde se retrouvait le soir pour partager et s'amuser. À l'évocation de nos futurs plans au Kirghizistan, nous avons bien entendu parlé de notre rencontre avec Erkin et de son invitation chez lui, pas très loin de Bokonbayevo. Vous vous doutez bien qu'ils étaient tous méga chauds pour venir avec nous. Nous appelons donc Erkin pour lui demander si ça le dérange pas que nous soyons 9. Aucun problème, nous dit-il, au contraire : "Si ce sont vos amis, ce sont mes amis." Puis Léa, qui avait sympathisé avec un couple d'Allemands voyageant en van, dont l'homme est saxophoniste, nous annonce qu'eux aussi aimeraient venir. Et là, surprise, Nick, l'Allemand sympathique rencontré lors du trek Ala Kol, souhaite également se joindre à nous. Nous rappelons donc Erkin pour lui dire que finalement, nous serons 12... Aucun problème si ce n'est qu'il craint que nous soyons déçus par le lieu et les infrastructures. "Ne t'inquiète pas, tant qu'on est ensemble, tout sera parfait." Nous nous mettons donc en route au grand complet avec une pensée pour Chris et Anaïs qui doivent s'en aller...


Le lendemain, nous nous rendons à l'arrêt de bus et investissons littéralement une marshrutka à 10. Les quelques locaux qui étaient déjà à l'intérieur sont bouche bée et nous regardent comme des extraterrestres. Bien sûr, il n'y a pas assez de place, mais ce n'est pas un problème au Kirghizistan : on se serre, on s'assoit où on peut, ou on reste debout. Le bus se met en route, et nous jouons à "Contact" en anglais, ce qui n'est pas facile pour tout le monde.


Règle du jeu Contact


Un marshrutka en panne au bord de la route avec une dizaine de touristes et leur sac à dos

Après environ une heure, nous entendons clairement l'embrayage exploser. Le bus s'immobilise au bord de la route, au milieu de nulle part. Malgré de nombreux coups de téléphone et les tentatives désespérées du chauffeur, il est clair que nous ne repartirons pas. Les quelques locaux dans le bus comprennent rapidement la situation et, en moins de temps qu'il faut pour le dire, ils disparaissent et repartent en stop. Pour notre groupe de 10 touristes avec nos énormes backpacks, c'est un autre histoire. Nous essayons de faire du stop, mais les gens ne s'arrêtent pas. Nous décidons alors de nous séparer, et ça marche. Nounette et moi sommes pris en stop par une autre marshrutka déjà pleine. Nous nous entassons tant bien que mal, ce sera un voyage debout pour nous. Nounette finit par réussir à s'asseoir et tape la discute avec une femme professeur d'anglais et ses voisines, heureuses de pouvoir parler à une Européenne. Quant à moi, je me contente d'admirer le paysage et de répondre aux grimaces d'un jeune Kirghize avec mes plus belles grimaces. Nous descendons à Bokanbayevo pour faire quelques courses : ce soir, nous allons préparer une ratatouille pour tout le monde, accompagnée de bière, vodka, et chips à outrance. Ensuite, nous rejoignons nos amis canadiens pour aller à la rencontre d'un chasseur et de son aigle.


En milieu d’après-midi, nous partageons un taxi et arrivons enfin chez Erkin. Le reste de la troupe est déjà sur place. L’endroit est incroyable : à l’entrée, il y a quelques conteneurs aménagés avec une cuisine, un point d’eau et une yourte. Plus loin, il y a des abricotiers à perte de vue, poussant en grappes au ras du sol. Je n’avais jamais vu ça, ni même goûté, et ils sont excellents. Nous allons nous régaler ! Une fois les abricotiers dépassés, nous arrivons sur la plage du lac Issyk-Kul. On se croirait au bord de la mer, c’est magnifique, l'eau est si bleue et il y a une chaîne de montagne immense en face. Si nous avions eu le temps, nous serions bien restés une semaine. Erkin nous montre aussi ses cabanes, simples mais bien équipées, dotées de deux couchages, d’une cuisine, et d’une douche. Ce soir, nous en partagerons une avec Flavio et Sterre pour réduire leurs frais, car ils n’ont pas de tente. Un vrai petit coin de paradis, parfait pour passer des vacances en famille ou entre amis. Nous faisons aussi la connaissance du jeune fils d'Erkin.


Un saxophoniste donne un concert privé sur les bords du lac Issyk-Kul

Erkin nous accueille en grande pompe avec du thé et un énorme plov, plat typique de là-bas. Il n’est que 17h, mais ce n’est pas grave, nous mangeons. Manon lance la préparation de la ratatouille, pour bien qu'elle mijote. Puis, nous nous rendons sur la plage et entreprenons de ramasser du bois pour le feu qui sera allumé après plusieurs tentatives, grâce à la main experte de Geoof. Et là, comme si le ciel était avec nous, un sublime coucher de soleil se dessine, sublimé par les éclats des flammes. Nous buvons, jouons, rions, nous nous occupons du feu, et nous re-buvons, tout en apprenant à mieux nous connaître. Une fois la nuit bien installée, Niklas, notre saxophoniste, sort son instrument et commence un petit concert privé au bord du feu. Moment magique suspendu. Erkin le rejoint avec un tongue drum, un instrument en métal, une sorte de handpan, de soucoupe fermée sur laquelle il tape avec des baguettes. Leur duo est incroyable ! Un grand merci à eux.


Puis, l’alcool aidant, nous commençons à danser autour du feu, comme des enfants ou plutôt des Indiens. L’un de nous lance l’idée d’un bain de minuit, et nous nous lançons immédiatement. Flavio est le plus rapide, mais plonge... dans 10 cm d’eau, atterrissant sur un caillou et se défonçant le pectoral. Plus de peur que de mal, et nous éclatons de rire. Nous décidons alors d’entrer dans l’eau en douceur. Comme souvent, la pluie fait son apparition, nous éteignons donc le feu pour aller finir la soirée dans la yourte. Nounette en profite pour apporter sa ratatouille, qui rencontre un succès international. En à peine 5 minutes, toutes les assiettes sont vides. Nous ressortons une nouvelle tournée de bières, et c’est reparti pour un durak général. Quelle soirée ! J’espère vraiment avoir l’occasion de recroiser tout ce beau monde pour de nouvelles aventures endiablées.


Au paradis à Bokonbayevo

Le lendemain, nous avons tous mal à la tête, mais après un bon petit-déjeuner et des adieux à Sterre, Flavio, et Nick, qui s’en vont, le reste de la troupe se met en route pour visiter le canyon de Skazka (dont on vous parle plus bas). Le second soir est un peu plus tranquille, nous nous contentons de discuter dans la yourte et de jouer aux cartes. Avec Nounette, nous dormons à la belle étoile sur une petite plateforme en bois au bord de l’eau, c'est si apaisant. Le lendemain matin, il est déjà temps de se dire adieu. Snif. Mais pas avant un ultime festin : Rony nous prépare des pancakes, et le couple de saxophonistes nous offre une magnifique confiture d’abricots. Hmmm, nous allons encore nous régaler. C’est le moment qu’Erkin choisit pour honorer sa parole : il attrape Geoof, installe un petit tapis au sol, sort son huile de massage, et lui prodigue un massage exceptionnel pendant presque une heure, de la tête aux pieds, littéralement. Mon Dieu, que ça fait du bien ! Cela fait aussi des jaloux : Nounette réussit à tirer son épingle du jeu et prend la suite de Geoof pour une séance de massage plus que bienvenue. Elle s’endort même sous les manipulations d’Erkin. Nous enchaînons ensuite avec un brunch bien copieux, jusqu’à ne plus en pouvoir. Puis vient le moment tant redouté des adieux. Nous disons d’abord au revoir à Rony et Léa, nos merveilleux compagnons de voyage pendant ces deux belles semaines. Le rendez-vous est pris, nous nous reverrons en Europe, c’est sûr. Puis, c’est le tour d'Erkin. Même si nous l’invitons à la maison, il est difficile de dire si nous nous reverrons un jour. En tout cas, ce fervent porte-drapeau de l’hospitalité kirghize a conquis nos âmes et s’est fait une place à jamais dans nos cœurs... Erkin, si tu lis ces lignes : merci, on t'aime.


Ni une ni deux, nous nous retrouvons à faire du stop pour rejoindre la ville de Kochkor et nos amis canadiens. Une nouvelle aventure nous attend : le trek de Kol Ukok.


 

La canyon Skazka


On décide de se rendre au canyon de Skazka, qui est à peine à une vingtaine de kilomètres au bord de la route qui passe devant chez Erkin. On se sépare en trois équipes pour faire du stop. C'est un peu plus long que d'habitude, mais en moins de 20 minutes, nous sommes tous embarqués dans des voitures, direction le canyon. Nous y arrivons à peu près en même temps.


Le lieu est somptueux : un dédale de formations rocheuses aux colorations multiples et variées — jaune, rouge, rose, orange, gris, vert... C’est vraiment spectaculaire et totalement dépaysant comparé à ce que nous avons vu jusqu'à présent. Le ciel est légèrement couvert, donc les couleurs sont un peu moins éclatantes, mais au moins, nous ne souffrons pas de la chaleur pendant la balade. Il y a trois points de vue classiques, dont un qui surplombe tout le canyon. Ce qui est assez incroyable, c’est qu’il n’y a ni chemins balisés, ni barrières, rien de tout ça. Vous pouvez aller où vous voulez, explorer les moindres recoins du canyon. Ce n’est pas comme en Europe où tout est interdit ; ici, vous êtes maîtres de votre sécurité, et si vous vous ratez, tant pis pour vous. Le côté sauvage du lieu est donc totalement préservé. Avec notre équipe de joyeux lurons, nous nous perdons un long moment dans les dédales du canyon. Parfois, le passage est trop dangereux, donc nous rebroussons chemin et contournons. Nous nous amusons comme des petits fous et ne voyons pas le temps passer. Il est déjà le milieu de l’après-midi, et nous commençons à avoir faim. Nous décidons quand même de monter au sommet de la petite montagne pour profiter du panorama, mais nous ne nous attardons pas : nos estomacs ont pris le contrôle de nos corps, il faut aller manger, vite.



Le magnifique canyon Skazka

Ce canyon est fantastique en tout point. Très facile d’accès, vous pouvez y passer une heure, quatre heure, voire une journée entière. Nous le mettons clairement dans nos incontournables, surtout quand vous commencez à en avoir marre de la haute montagne. En plus, hasard du calendrier, il y a un magnifique restaurant, un poil plus cher que d'ordinaire, mais avec une super vue, et surtout, c’est le seul. Ni une ni deux, nous nous y installons et c’est parti pour un festin avec nos petits potes. Le retour se fait en stop, sans trop attendre cette fois-ci, et en plus avec l’estomac plein. Nous allons à Bokonbayevo pour faire des courses pour le repas du soir et les pancakes.



From Bokonbayevo with love

Notre groupe d'amis venus du monde entier pose sur la plage de sable du lac Issyk-Kul avec un magnifique coucher de soleil rose orange en fond


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