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Un petit trek vers le lac Kol Ukok

Au moment de quitter la magnifique demeure de notre ami Erkin sur les bords du lac Issik Kul vers Bokonbayevo, voilà que nous sommes un peu perdus... Il nous reste un peu moins d'une semaine avant de rentrer en France, et dans ce laps de temps on veut absolument faire le sommet Uchitel dans le parc Ala Archa, sur trois jours. En plus c'est aussi le moment de dire adieu - ou plutôt à bientôt - à notre binôme allemand qui a partagé tout notre voyage au Kirghizistan jusqu'ici. Ils partent vers le sud du pays, vers Osh, avant de continuer leurs aventures jusqu'au Pakistan. Snif snif.


On ne sait pas quoi faire de notre temps. Nos amis canadiens nous proposent de faire le trek de Kol Ukok avec eux, mais ça va être compliqué niveau timing. On décide quand même de les rejoindre à Kochkor, pour passer une dernière soirée avec eux avant de remonter sur Bishkek. De toute façon c'est quasiment sur la route.


C'est parti ! Un peu de stop et une Marutshka plus tard, nous voilà de nouveau dans la ville de Kochkor qui a été l'étape entre nos trois jours de trek à cheval à Song Kol et le petit trek à Kol Suu. On rejoint nos amis québécois à la guesthouse Umar qu'ils ont réservée et, tabarnaque, pour le même prix qu'une yourte, c'est un château luxueux ! J'exagère à peine, mais quelle maison magnifique avec tout le luxe et le confort disponibles, notamment une douche semblable à un vaisseau spatial. De plus, nos hôtes sont adorables. Ils vivent dans la capitale quasiment toute l'année, sauf l'été, car le mari a offert cette résidence à sa femme qui s'ennuyait et voulait créer une auberge afin de rencontrer des personnes du monde entier. C'est pas trop mignon ? Et en parlant de mignonnerie, leurs enfants sont adorables. C'est vraiment un petit paradis cet endroit, merci au légendaire flair québécois. Une fois installés, commence le travail de sape de nos nouveaux compagnons qui insistent par tous les moyens pour qu'on fasse ce trek avec eux. On résiste vaillamment, mais en à peine 30 minutes, on abdique et on dépose les armes : "Ok, c'est bon, on vient avec vous, on verra plus tard pour le timing..." Youpi ! Séance de câlins générale et go au resto pour fêter ça avec une bonne bouteille de vin local, enfin, plutôt dégueulasse, mais l'intention est là. De retour à la guesthouse, on est invités à boire le thé par nos hôtes. S'ensuit une longue discussion sur nos cultures et pratiques respectives. C'est un moment de partage comme seul le voyage peut en apporter et on serait bien restés toute la nuit si on n'avait pas à se lever si tôt le lendemain pour le trek. Un petit passage dans la douche vaisseau spatial et au lit.


On attaque la journée avec le plus beau petit déjeuner qu'on ait jamais eu : des crêpes, du pain, des gâteaux, une salade de fruits, des oeufs, des tomates, de la confiture, du miel maison, et surtout un thé orange-menthe ex-tra-or-di-nai-re. On mange tout ce qu'il nous est physiquement possible d'ingurgiter, et on les remercie chaleureusement, puis on se met en route pour le centre-ville où nous attend notre taxi. Cette guesthouse était fabuleuse - oui, je sais, je l'ai déjà dit.


Magnifique lac Kol Ukok dont le bleu contraste si joliment avec le vert des montagnes l'entourant et le parterre de fleurs champêtres
On va là ! Au lac Kol Ukok

En à peine 30 minutes, nous sommes déjà au début du trek. On se prépare et c'est parti pour 19km et 1200m de D+. Vous devez commencer à avoir l'habitude, mais comme souvent, la pluie n'est pas loin. Ça commence à tonner, et on a à peine le temps d'enfiler nos vestes et nos rain covers que la grêle est sur nous. Ça tombe sec pendant environ deux heures. On est trempés, le sol est super boueux, on glisse énormément, mais on rigole bien. Puis, comme souvent, le soleil revient assez rapidement pour ne plus nous quitter de la journée.


La première partie du trek grimpe en pente douce sur des chemins de terre. Hasard du calendrier, sur l'un de ces chemins, on croise Nick, notre ami allemand, qui est en train de redescendre. Il nous spoile un peu en nous disant que la vallée est vraiment sublime et qu'une fois au sommet, il vaut mieux continuer pendant trois kilomètres et aller dormir de l'autre côté du lac où la vue sur la vallée est totalement dingue. On continue et on arrive bientôt à une très grosse rivière à traverser avec pas mal de courant. On y arrive, et personne ne se fera emporter, haha ! Juste après, commence la seconde partie du trek qui serpente un peu plus et surtout monte beaucoup plus. Hein, quoi, c'est l'heure ? Évidemment, à la soupe ! On se pose ici, au soleil, au bord de la rivière, et on se fait un petit repas digne de ce nom, crisse de câlisse. On continue notre ascension. Les paysages deviennent de plus en plus magnifiques. On commence à voir quelques sommets enneigés, des petits lacs à la couleur turquoise cristalline se succèdent au milieu des prairies fleuries. C'est vraiment très beau, et on ne croise absolument personne. On arrive enfin au col et au début du lac, et là, waow, c'est la gifle ultime : un magnifique lac avec un magnifique bleu, entouré de montagnes fleuries puis enneigées. C'est sauvage, c'est champêtre, on adore. On ne regrette vraiment pas d'être venus. On sort l'appareil et on mitraille chaque angle. C'est tellement magnifique qu'on pourrait y rester des jours. Il y a de nombreuses vaches et chevaux qui broutent tranquillement, rendant le décor encore plus incroyable. Manon pète, et ça n'entache même pas ce moment incroyable. On continue un peu et on tombe sur un tout petit camp de yourtes très, très sommaire. La mama est en train de préparer le souper. On s'y arrête juste le temps de boire un ou deux thés et de caresser les animaux, puis on se remet en route en longeant le lac.


On arrive finalement dans la petite prairie de l'autre côté du lac. Il y a déjà quelques tentes, mais rien de bien méchant. On s'installe et on plante les tentes en évitant les crottes de vache... D'ailleurs, en parlant des vaches, on constate qu'une tente est toute déchirée. On discute un peu avec sa propriétaire, qui est belge et qui a fait un trip de 20 jours dans les montagnes, seule avec deux chevaux (chapeau bas, bravo). Enfin bref, elle nous explique qu'une vache est venue visiter sa tente et qu'avec ses cornes, elle l'a littéralement déchiquetée, la pauvre. Tout cela n'est pas très rassurant vu le nombre de vaches autour de nous. Ni une ni deux, Geoof établit une barrière de protection autour de notre tente à base de bâtons de marche. Pas sûr qu'elle résiste à un coup de vent, alors une attaque de vache, pensez-vous... mais bon, l'intention est là.


On commence à préparer nos popotes et là, on découvre à quel point les Canadiens sont super bien équipés et nettement en avance sur nous. Fini les réchauds classiques : ils ont des réchauds surpuissants uniquement pour faire bouillir l'eau en moins de trois minutes, c'est incroyable. Gourde filtrante qui se bouche et ne marche quasiment plus, ou micropur dans l'eau pour la désinfecter et boire du chlore. Que nenni ! Nos amis canadiens nous font découvrir le purificateur d'eau réutilisable à l'infini, qui ne laisse aucun goût et purifie un litre d'eau en 90 secondes. On n'est pas loin de la magie là. Ça s'appelle un SteriPEN Ultra UV, ça ressemble à un mini sabre laser, disons un poignard laser. Quand on le met dans l'eau, il s'allume et les UV qu'il envoie grillent tout ce qui n'est pas bon dans l'eau. Apparemment, c'est ça qui est utilisé dans nos stations d'épuration. Et le summum, pour finir : leurs matelas de sol, totalement incroyables, limite plus confortables que le matelas de notre lit dans notre chambre haha. J'en reviens pas, bon, il va y avoir du matos à acheter en rentrant.


On prend notre repas tous ensemble puis on se réunit dans leur tente qui peut accueillir 5 personnes. Si, si, j'ai bien dit 5. Et on se lance dans une partie de Durak endiablée. C'est finalement Andrés qui ira se coucher avec ce titre honorifique : saint ciboire.


Une journée magnifique vers Kol Ukok

Bon, il a plu toute la nuit et il pleut encore au réveil. Cette fois-ci, c'est raté pour le lever de soleil et les belles couleurs sur le lac. On reste un peu dans la tente en attendant que ça passe, mais ça ne passe pas, donc on commence à plier sous la pluie, sinon on va se mettre en retard. La team Canada reste un jour de plus dans ces montagnes, donc ils ne sont pas pressés, mais nous, on est obligés de revenir sur nos pas, puis de prendre un bus pour Bichkek dans la journée. Le temps nous est compté. Heureusement, au moment de partir, la pluie s'arrête enfin. On fait un énorme câlin à nos nouveaux amis d'outre-Atlantique avec qui on s'est merveilleusement entendus, puis on se met en route pour regagner Kochkor. Le trajet est un peu plus évident, car ce n'est quasiment que de la descente, mais le ciel reste menaçant. On a peur de se reprendre une averse. Puis une vache se met à nous prendre en chasse. Elle ne va pas très vite, mais elle ne lâche pas l'affaire, la coquine. On accélère et on réussit à la semer. Youpi, on ne se fera pas piétiner. Dans la descente, on constate qu'à cause de la pluie, tous les petits lacs cristallins se sont transformés en une énorme rivière pleine de cascades. Le décor a totalement changé, c'est encore plus beau que la veille. On a un peu peur que les cours d'eau à traverser aient eux aussi gonflé, mais ça va, pas de problème de ce côté-là. On avale assez rapidement le chemin du retour et on arrive au point de départ sous un soleil de plomb. C'est juste le début d'après-midi, on n'est pas trop en retard, cool. On appelle un taxi pour qu'il nous ramène à Kochkor. Je crois qu'il a la palme du pire taxi du monde tant sa "voiture" - si on peut lui attribuer ce nom-là - est en piteux état. Il n'y a pas de poignée pour ouvrir, les vitres ne s'ouvrent pas toutes, la voiture cale toutes les cinq minutes et il est obligé de couper le moteur dans les descentes. Bref, une pépite. On arrive en ville, on va vite s'acheter à manger, et on trouve directement une Marutshka qui nous conduira à Bichkek en un peu moins de 4 heures. On est un peu tristes de ne pas avoir pu continuer avec les Québécois, mais une formidable aventure nous attend avec l'ascension du mont Uchitel. En attendant, nous voici de retour au Tunduk Hostel. On profite de la piscine et d'un super resto coréen qu'on a découvert et qui vaut vraiment le détour, puis on va se mettre au lit.


From Kol Ukok with love

Manon regarde le lac et se détache dans ce paysage grandiose qu'est Kol Ukok

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