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Valparaiso, théâtre de l'histoire du Chili aux jolies allures colorées

Dernière mise à jour : 11 mai


Il faut redescendre de notre petit nuage, l'île de Pâques c'est bien fini. C'est donc bronzés et totalement rechargés en vitamine D que nous partons en direction de Valparaiso, la cité du street art. Avant de la découvrir nous avions reçu un avis assez mitigé sur cette destination... Les Chiliens nous en disaient du mal, de ne surtout pas y aller car dangereux et sale tandis que les voyageurs rencontrés en chemin lui vouaient une adoration "Valparaiso c'est génial". Il était temps de nous faire notre propre avis.


Escalier coloré dans les ruelles de Valparaiso avec les paroles du titre Latinoamerica de Calle 13 au Chili
Paroles de Calle 13 - Latinoamerica



Mais d'abord une courte présentation de Valparaiso s'impose.

Située à environ deux heures de Santiago, cette ville encastrée à flanc de côte sur plus de 40 cerros - collines - où viennent s'accrocher des maisons colorées a un look clairement atypique. Je la vois comme un théâtre ouvert sur la mer où se sont jouées de nombreuses pièces. D'abord ville de pêcheurs sous l'empire inka, puis port de prestige du Chili, l'économie de la ville a pris un coup violent avec l'ouverture du canal du Panama en 1914, avant de littéralement s'écrouler sous l'effet de plusieurs tremblements de terre en 1906 et 1985. Ses constructions hyper rapprochées, maintenant aux normes anti-sismiques, sont également sujet à un tout autre fléau : le feu ! En 2014 un incendie a dévasté une partie de la ville, il aura fallu dix jours aux pompiers pour le maîtriser avec un bilan accablant, pas moins de 2900 logements détruits et 15 morts. Et ce n'est pas fini, vous le verrez à la fin de l'article... Aujourd'hui la ville dite pauvre se reconvertit petit à petit en ville culturelle où toutes formes d'arts, mais principalement le street art, se rencontrent. Le tourisme donne un regain économique à cette grande Marseille d'Amérique du Sud. La ville est également tristement connue pour être le point de départ des troupes du natif Pinochet lors de son coup d'état de 1973 et plus gaiement connue pour abriter la maison du célèbre et loufoque poète chilien Pablo Neruda. Cette ville a au court de l'histoire récente attiré des personnes de tous horizons, de toutes classes sociales, des pirates, des riches commerçants, des étrangers, des artistes, des penseurs...



« Te amo sin saber cómo, ni cuándo, ni de dónde, te amo directamente sin problemas ni orgullo: así te amo porque no sé amar de otra manera,

sino así de este modo en que no soy ni eres, tan cerca que tu mano sobre mi pecho es mía, tan cerca que se cierran tus ojos con mi sueño. »

- Pablo Neruda


Je t'aime sans savoir comment, ni quand, ni d'où, Je t'aime directement sans problèmes ni fierté : Je t'aime ainsi car je ne sais pas aimer autrement, Sinon ainsi de cette manière où je ne suis pas, où tu n'es pas, Si près que ta main sur mon torse est mienne, Si près que tes yeux se ferment avec mon rêve.


 

Nous allons donner raison aux deux avis que nous avions reçu au sujet de Valpo comme les résidents l'appellent. Effectivement le gros de la ville est plutôt sale et semble assez malfamée mais mais mais, l'hyper centre quant à lui est très charmant avec tous ces graffs qui ornent les murs de ruelles pavées. À chaque recoin c'est une nouvelle oeuvre qui s'offre à vous, un véritable musée à ciel ouvert donnant une ambiance apaisante et hippie-bohème.


Nous nous y rendons en trolley, vieux bus électrique qui sillonne la ville, pour participer au free walking tour - tour gratuit à pieds où un guide déguisé en Où est Charlie ? vous accompagne sur les trottoirs de la ville en vous expliquant ici et là ce qu'il juge intéressant... et bien sûr vous lui donnez ce que vous voulez à la fin. C'est un super concept je trouve ! Nous choisissons le tour en espagnol car il y a beaucoup moins de monde et ça nous fera progresser. Notre guide est un jeune Valparaisien, super gentil, plein d'entrain et qui connaît bien son sujet. Nous montons en bus jusqu'au Cerro Alegre afin d'avoir un point de vue sur la cité côtière. C'est quand même très beau. Puis nous redescendons à pied en passant par le tout récent centre culturel logé dans une ancienne prison réhabilitée, ça aussi c'est un autre bon concept. La prison fait donc désormais office de parc, musée, salle d'exposition, de sport, des fêtes, ateliers... Un endroit à ne pas manquer où la jeunesse de la ville se réunit pour exprimer ses talents et ses envies. Il y a une expo peinture sur les disparus sous Pinochet, certains tableaux me troublent. Nous traversons ensuite le cimetière et enfin le quartier des graffitis avec toutes ses ruelles peintes et repeintes. C'est officiel les Chiliens ont du talent. Nous rencontrons deux françaises fort sympathiques avec qui nous passerons deux jours, j'ai nommé Magalie et Louise, cette dernière fabrique de superbes bandeaux en France : Hermanitas.



Promenez-vous avec nous dans les rues de Valpo

Le lendemain nous partons avec les petites françaises pour visiter la maison de Pablo Neruda. Cet homme était vraiment fou, d'ailleurs ne dit-on pas que les génies sont souvent à la limite de la folie ? Quoiqu'il en soit la visite qui raconte sa vie au gré des pièces de sa très belle maison est captivante. Nous faisons un saut dans l'histoire. Nous prenons ensuite la route pour la plage de la Laguna Verde (ils se foulent pas pour les noms haha) située à 30 minutes en voiture de la ville. Arrivés là-bas nous sommes plutôt contents, la grande et belle plage nichée au pied d'un pueblito est apaisante après les tumultes de Valpo. On mange notre petit pique-nique en prenant soin de prendre un énorme coup de soleil sur la tronche... Le vent se lève on décide de quitter les lieux, direction Concon, autre ville côtière, et ses dunes. Pour y aller il nous faut retraverser Valparaiso et c'est un enfer. Une bonne heure plus tard nous y sommes. En soit Concon n'a aucun charme, c'est une sorte de grosse station balnéaire avec pleins de grands buildings tout neufs qui transpirent le fric sans valeur, cela ne nous séduit pas du tout mais la surprise se situe en bord de mer où une énorme dune, pas aussi grande que notre légendaire dune du Pilat mais quand même, se dresse et vient lécher ces géants de béton. La ville remonte dans notre estime, on en viendrait presque à l'apprécier. Nous décidons de la gravir et la vue est superbe, il est possible de louer des sandboards pour la descendre mais c'est un peu cher et la flemme nous gagne. Manon tente quand même une descente en roulé boulé, encore une de ses idées lumineuses. De retour nous nous achetons quelques cervecitas pour l'apéro et allons nous installer face à l'océan là où les vagues se brisent sur les rochers. Le spectacle est grandiose, les vagues explosent à plusieurs dizaines de mètres de haut, il arrive même que la violence de l'impact assomme un ou deux poissons et les projette en l'air. Des poissons volants. Le temps des au revoir a une nouvelle fois sonné, un gros câlin, un rendez-vous pris pour un restau de retour en France et nous voici de retour à l'hôtel.


Aux alentours de Valparaiso

Soudain nous sommes réveillés par la gérante de l'hôtel qui nous conseille de fermer les vitres et de ne pas sortir de l'hôtel car un gros incendie vient de se déclarer juste à côté. On monte sur la terrasse pour regarder ça telles des commères, les flammes sont géantes, tout un bâtiment est en feu, les pompiers s'affairent à la tâche. Je n'avais jamais vu ça, une épaisse fumée noire se dégage, elle est d'ailleurs très toxique, nous rentrons vite à l'intérieur. On suit la suite des opérations à la TV, c'est un garage et un ferrailleur qui brûlent, heureusement aucune victime n'est à déplorer, mais quelques pompier sont intoxiqués. Les pauvres ils sont courageux surtout en Amérique du Sud où ils sont uniquement volontaires et donc pas payés.



Les légendes disaient donc vrai, feu sur Valparaiso

Quelques heures plus tard l'incendie est maîtrisé, nous pouvons nous mettre en route vers la route des étoiles et la vallée de l'Elqui qui nous réservent de belles surprises...


From Valparaiso with love.

Face aux grosses vagues sur la côte Pacifique de Valparaiso

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