*d'après nous
Pour ce voyage au Kirghizistan, nous n'avons fait aucun plan, prévu aucun itinéraire, l'idée était de se laisser porter par les rencontres. La seule exception que nous avons faite est pour ce lac, pour Kol Suu - qui peut aussi s'orthographier Köl-Suu ou Kel Suu et qui s'écrit Кель-Суу en russe. En regardant ce que le pays avait à nous offrir, on était tombé sur ce lieu et on avait eu un gros coup de coeur.
INFOS PRATIQUES
Besoin d'un permis frontalier. Prix : 2000 som, environ 20€ par personne. Obtention en trois jours ouvrables. Possibilité de le récupérer directement à Naryn. On a fait la demande via l'hostel Tunduk à Bishkek.
Pour se rendre à Kol Suu : le départ en voiture se fait depuis la ville de Naryn jusqu'à un camp de yourte où vous pouvez ensuite continuer à pied, ou à cheval.
Prix du taxi partagé entre Naryn et le camp de yourtes : 15000 som, environ 150€ pour la voiture, peu importe combien vous êtes, pour l'aller/retour. Comptez environ 4h par trajet.
Autostop très difficile car peu de fréquentation et problème possible au poste frontalier.
Peut se faire dans la journée, mais nous conseillons de camper au bord du lac pour avoir ce lieu magnifique rien que pour vous
N'est-il pas magnifique ?
RÉCIT DE NOTRE TREK DE DEUX JOURS JUSQU'À KOL SUU
Qui dit pas prévu, dit surprise. C'est seulement en arrivant à Bishkek qu'on a appris d'Azema - la gérante de l'hostel Tundek où on a dormi les 2 premières nuits - qu'il faut un permis frontalier pour se rendre à Kol Suu. La Chine fait très attention aux entrants et surtout aux sortants... C'est dingue quand même, le poste de frontière se trouve à plusieurs kilomètres de la réelle frontière, au sein même du Kirghizistan. Bref. Il faut au moins trois jours ouvrés pour avoir le fameux papier alors en attendant, nous partons faire un trek à cheval pour découvrir la vie nomade à Song Kol.
C'est donc après cette magnifique aventure chevaleresque que Léa, Ronny, Geoof et moi prenons un taxi partagé en direction de Naryn, ville de départ pour le joli Kol Suu. Nous sommes actuellement à Kochkor et subissons un léger harcèlement de la part des taxis - le seul de tout le voyage - et certains nous proposent des prix exorbitants. Nous nous sommes renseignés sur le montant alors on ne se laisse pas faire, pardi ! Nous finissons par trouver notre bonheur, même si nous devons attendre que le taxi soit complété par d'autres voyageurs, comme c'est souvent le cas ici. On paiera finalement 2000 som pour nous quatre et la dernière place sera prise par du plâtre. Pourquoi pas. Allez, en route !
La route vers Naryn est splendide et en assez bon état. On découvre également la conduite des Kirghizes, et elle fait flipper ! Ils doublent n’importe comment, même dans les virages, et en montée, avec ou sans visibilité. Nous serrons les fesses à plusieurs reprises. Dans la voiture je vois que Ronny joue lui aussi à Seterra - un jeu pour apprendre la géographie de notre monde - on se défie, mais ça le rend vite nauséeux, alors on contemple le paysage.
Arrivés à Naryn - deuxième ville préférée d'Escobar... pardon pour cette mauvaise blague, dites-vous qu'on a aussi songé aux crottes de nez - nous filons à l’endroit où nous devons récupérer nos permis frontaliers et là, quelle fut notre surprise d'apprendre que le nôtre n’y est pas. Merde. Pourtant, nous avons fait notre demande il y a plusieurs jours, avant Ronny et Léa qui eux ont le leur. Nous comprenons rapidement qu’il s’agit d’un oubli, même si Izat tente de nous convaincre que la personne en charge a séparé les paquets, et qu’il sera prêt dans l’après-midi. Ouai, ouai haha. Nous sommes un peu déçus, car nous pensions partir dans la foulée pour Kol Suu mais on ne laisse pas ce contre-temps entacher notre bonheur d'être ici. Nous partirons demain matin, ça ne change pas grand chose. Geoof et moi dormirons au bureau d’Izat, dans une petite chambre avec deux matelas au sol pendant que Léa et Ronny planteront leur tente dans son jardin.
Note : Naryn est également la ville de départ pour Tash Rabat, nous n'avions pas assez de temps et d'argent donc nous ne l'avons pas fait, mais c'est possible de combiner les deux activités avec le même taxi partagé : Kol Suu et Tash Rabat
Nous faisons donc une petite balade dans cette ville toute en longueur qui se concentre autour de l'avenue principale Улица Ленина. Nous passons sur un pont douteux au dessus du tempétueux fleuve qui longe la ville, et certains d’entre nous ne sont pas du tout rassurés, ils regardent d'un oeil douteux les câbles rouillés. En chemin nous rencontrons Dastan, un Kirghize qui apprend l’anglais et qui est très enthousiaste à l’idée de discuter avec nous. Il marche un bout avec nous, et nous lui posons plein de questions. Il travaille à Moscou pour gagner un peu d’argent, puis il veut faire découvrir son pays au reste du monde en devenant guide, ici-même. Le soir, nous allons manger au Sulaiman sur recommandation d'Izat, et notre repas est assez drôle - ou triste selon le point de vue. Ils n’ont pas grand-chose de végétarien donc ce sera riz, frites, œuf, purée. Geoof quant à lui goûte un goulash pour la première fois, je picore dans son assiette et c’est vraiment délicieux. Je ferais peut-être une entorse à mon régime la prochaine fois.
La route pour se rendre au camp de yourtes, point de départ du petit trek, se transforme rapidement en piste. Wow, wow, wow. Les paysages sont magnifiques, c’est toujours plus beau dans ce pays ! Nous nous enfonçons dans un endroit reculé, et nous voyons pour la première fois de près des hauts sommets enneigés et spectaculaires. La vallée est immense, et c’est le paradis des marmottes. Nous jouons à qui en verra une en premier, mais il y en a tellement que ça en perd vite son intérêt. Alors nous les comptons. Nous faisons un petit arrêt pour voir un canyon, puis nous apercevons des aigles tout proches de la route, ils sont énormes !! Quel spectacle. Enfin, nous arrivons au "camp" de yourtes qui n’a rien à voir avec ceux qu'on a vus aux abords de Song Kol. C'est plutôt un "village", il y a vraiment énormément de yourtes, une cinquantaine je dirais. Notre chauffeur nous dépose tout au bout, ce qui nous épargne un peu de marche ^^, merci. On adore marcher, mais on reste des flemmards dans l'âme. Puis, nous nous mettons en route. Nous passons devant un enclos de yaks, et ça ne fait pas rire un yak. Ils sont sacrément impressionnants ces bestiaux. Nous décidons de manger avant de commencer à marcher sérieusement. Nous avons pris du pain rond kirghize, super bon, et des chips. La vue est superbe, avec ce fleuve tellement large composé de dizaines de méandres au milieu desquels les vaches et les chevaux se baladent.
Le village de yourtes, point de départ du petit trek
Au bout d’à peine 15 minutes, nous passons un virage, et là, c’est su-bli-me. Une chaîne de montagnes splendides se dresse face à nous. Nous repérons rapidement où nous devons aller, il y a un petit V au milieu de ces pics où le lac doit sûrement se cacher. Le terrain est tout plat, et le GPS annonce seulement 3 heures de marche avec une montée à la fin. C’est parfait pour se mettre en jambe. En quelques minutes, le temps change radicalement, et de gros nuages gris se forment au-dessus de nos petites têtes. Nous voyons la pluie tomber au loin, mais il ne nous vient pas à l’esprit de nous protéger. Non, pensez-vous. Nous allons vite comprendre qu’ici, il pleut souvent et rapidement. Des grêlons nous tombent de nouveau dessus, aïe aïe aïe. Il nous faut vite nous habiller si on ne veut pas mouiller nos doudounes en plumes. Heureusement que nous avons acheté ces imperméables avant de partir ! Dire que je pestais après Geoof car je trouvais que c’était un achat superflu, qu’on n’avait pas besoin d'être équipé comme jaja pour voyager. Eh bien, je suis très heureuse de porter cette veste imperméable finalement, et ce n'est pas fini haha. Donc oui, achetez une veste imperméable si vous voulez marcher au Kirghizistan. Les marmottes ont l'habitude de cette météo de toute évidence, elles nous regardent passer, et c’est amusant de les observer en retour.
Au détour d'un virage, quel spectacle !
Après une petite heure de montée, nous apercevons enfin le lac, et c’est sublime, sublime, sublime ! Je me répète ? Ces grandes falaises grises contrastent avec ce bleu laiteux hypnotisant. Les vautours volent au-dessus de nos têtes, c’est impressionnant. Je n'en reviens pas, ça me donne tout plein d'énergie. Le seul bémol qu'on note, c’est qu’il y a des bateaux (pour l’instant à l’arrêt) amarrés ici prêts à partir à la découverte de ce lac long de plus de 10 kilomètres ! Nous aurions tellement aimé le faire en kayak, mais pas en bateau à moteur qui rejette tellement de pollution dans cette eau qui semble si pure. Tant pis, nous profiterons de cette vue-là. Nous cherchons un coin pour établir le campement, et Geoof nous en trouve un plutôt pas mal, avec vue sur lac. Il ne pleut plus, et c’est tant mieux, ce n’est pas agréable de monter la tente sous la pluie.
Nos vieux réflexes reviennent rapidement, et en moins de temps qu'il faut pour le dire, notre tente est montée. Pour la première fois, nous avons décidé d’acheter des repas lyophilisés chez Decathlon. Geoof teste la purée avec de la viande, et moi le quinoa aux petits légumes. Et c’est pas si mauvais honnêtement ! Bon, je me suis un peu loupée sur la quantité d’eau et sur le touillage, mais la prochaine fois, ce sera encore mieux.
Nous sommes totalement seuls au monde, c'est magique d'être ici sans personne. Après un long moment dehors, le froid nous gagne et nous décidons de faire une petite partie de Durak dans la tente de nos amis allemands, mais nous ne tardons pas trop car demain, nous voulons nous lever avec le soleil.
Quelle bonne idée ! Le ciel est totalement dégagé, c’est si paisible, si doux. Des petits oiseaux volent autour de nous, les rayons de lumière se faufilent à travers les montagnes, offrant un éventail de couleurs orangées. Nous avons un peu froid, mais chaque minute gagnée nous réchauffe un peu plus. Silence.
Le soleil se lève
Une fois que le jour est bien levé, nous décidons d’aller nous baigner. Kel Suu signifie “eau froide” en kirghize, et nous confirmons qu’ils ne se sont pas trompés sur l’appellation. La baignade se transforme en un rapide aller-retour, mais qu’importe, nous sommes heureux de l’avoir fait, et nous nous sentons un peu plus propres et bien en forme. Nous ne pouvons pas faire le tour du lac car, comme je l’ai dit, il est entouré de hautes montagnes. Nous nous rendons tout de même au pied de la falaise où un nouvel angle nous offre une vue splendide. C’est parti pour la séance photo et un moment de contemplation. Les énormes vautours sont de retour. C'est parfait pour se ressourcer.
Un petit matin à Kol Suu
Nous sommes déjà un peu en retard car le chauffeur nous attend au village, alors nous plions la tente en mode express, d'autant plus que pas mal de touristes arrivent et ça change totalement l'atmosphère de ce lieu qu'on a eu rien que pour nous quatre jusqu'à présent. Ce n’est pas une boucle, nous sommes en train de rebrousser chemin, et pourtant les paysages nous paraissent toujours plus beaux. L’estomac parle trop fort, et nous décidons de faire une petite pause nouilles instantanées sur le chemin du retour, juste au bord de la rivière. Nous voyons un camion de l’époque soviétique traverser, et nous ne savons plus trop en quelle année nous sommes.
Notre chauffeur nous attend, et il se moque totalement des deux heures de retard, quel adorable monsieur encore. C’est reparti pour les 4 heures de route retour. Au poste frontière, il y a un chameau. Léa le prend en photo, ce qui ne plaît pas du tout au garde en service. Il lui demande de l’effacer de manière pas très sympathique, puis il effectue un contrôle un peu plus minutieux de la voiture et de nos passeports. Un conseil, évitez les photos ici. Ah, les postes frontières… Je ne le dirai jamais assez, nous sommes des sacrés veinards avec l’espace Schengen. Notre petit chauffeur a envie de rentrer, alors il roule à fond. Sur les pistes, Geoof se cogne contre le plafond, haha puis sur la route bitumée, il double en plein virage. Alalalaaa ça passe tout juste.
Izat nous attend, elle a upgradé notre chambre, nous aurons un sommier ce soir ^^. On retourne chez Sulaiman Restaurant et je ne me fais pas prier pour manger un lagman ce coup-ci, mmmh ce goût salé de viande, ça faisait longtemps, c'est un pur bonheur. On a encore passé deux super jours tous les quatre, on se sent bien, alors nous décidons de continuer le voyage ensemble. Où aller maintenant ? Il y a ce trek à Karakol qui a l'air génial, pour voir le lac Ala Kol, puis Anaïs et Chris y sont. Allons les rejoindre.
From Kol Suu with love
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