Une fois passé Valparaiso une longue distance (± 1600km) nous sépare de San Pedro de Atacama où nous rêvons d'aller... Entonces, que faire entre les deux ? On a déjà fait un joli stop sur la route des étoiles et la vallée de l'Elqui qui nous a enchanté, et nous voici aujourd'hui à notre deuxième stop, à Pan de Azucar.
Mais où se trouve ce reflet parfait hypnotisant ? Vous le saurez bientôt...
Pan de Azucar
À voir : le Sendero Mirador, le Sendero Las Lomitas, Caleta Pan de Azucar, Playa blanca
El parque Pan de Azucar se situe à 1h de la ville de Chañaral. Désertique, au bord de l'océan Pacifique, avec des grandes plages de sable blanc, peuplé de cactus, il a des "faux" airs de paradis... En effet, il y fait extrêmement chaud ! Pour vous dire, le soleil y brûle même les cactus ! Il est quasiment impossible d'y trouver de l'eau douce et les méduses peuplent la mer (= coucou Manon ;)), cependant les paysages y sont uniques et époustouflants. Arrivés en ce lieu mystérieux, il nous faut trouver un camping avec de l'eau ! Nous ne tardons pas à trouver notre bonheur en bord de plage où nous sommes accueillis comme des rois par le couple de gérants : bières, asado, bouteille de vin et grosse discussion sur la coupe du monde de football. Et oui je me plais à rappeler que nous sommes champions du monde **. Tout est parfait tant et si bien que je crains un piège, quand me tendra-t-on la note ? Mais non. Ce camping et ses gérants me laissent une formidable impression. Manon, elle, reste un peu plus sur ses réserves et vous verrez par la suite que l'intuition féminine a de nouveau frappé...
Bref pas de temps à perdre, on déplie la tente et on se met en route pour une randonnée de 3h sous un soleil de plomb afin d'atteindre un mirador #welovemirador. Nous sommes entourés de plantes succulentes et de formations géologiques aux formes variées toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Le paysage qui s'offre à nous depuis ce point de vue est superbe, nous sommes au bord d'une falaise abrupte qui plonge dans l'océan. On se sent à nouveau tout petit, nous sommes conquis. En rentrant nous nous arrêtons boire un jus de fruit frais dans un petit port. Quel bonheur après cette chaleur, on pourrait le comparer à un élixir de vie. On a gagné un point de vie +1. De gros lézards se battent entre eux pour récupérer les restes de la pêche du jour... Soudain un pélican géant s'empare du butin et met tout le monde d'accord. On se plaît à observer ce manège.
Le pélican roi du petit port et les paysages du parc Pan de Azucar
Nous rentrons au camping et là surprise... notre ami du matin est totalement défoncé ! L'alcool a coulé tout l'après-midi, il tient des propos incohérents et commence à faire peur à tout le monde. Heureusement que sa femme est là et nous permet de nous échapper, ouf. Nous allons faire bronzette sur la plage, nous jouons un peu aux raquettes - ça faisait longtemps, on a un peu perdu la main... Geoof va se baigner dans les vagues énormes en esquivant tant bien que mal toutes les méduses géantes, il ressemble à une vraie danseuse étoile, c'est à si méprendre. C'est ici que nous faisons la rencontre de Manon (encore une) et de Marion alias Paupiette qui vont voyager un bout de temps avec nous. Apeurées par l'animal complètement bourré qui erre dans le camping, elles nous demandent si elles peuvent dormir sur notre emplacement, le leur étant trop proche de Jean-Michel Borracho comme nous l'avons surnommé. Nous acceptons avec plaisir. De retour au camp nous apprenons que sa femme en a eu marre et s'est barrée : se fue al pueblo qu'il nous dit. S'ensuit une partie de cache-cache pour tenter d'esquiver Jean-Michel qui veut absolument continuer à boire des bières avec nous... Un enfer ! Finalement submergé par l'alcool il s'effondre sur son transat. Nous voilà tranquilles. On peut commencer notre barbecue.
Les filles sont allées au port pour acheter un poisson et reviennent avec trois belles bêtes gentiment offertes par les pêcheurs. On galère à allumer le feu sans bois, et que faire des ces poissons géants sans feu ? Heureusement une famille chilienne vient à notre secours. En deux temps trois mouvements, ils allument le feu, lèvent les filets, et nous donnent un petit cours. Si c'est pas beau ça, on est prêt pour l'asado. Ils sont vraiment adorables ! Le repas est excellent, mis à part le riz brûlé au réchaud héhé c'est qu'on est un petit peu pompette nous aussi. Une fois sustentés, les voisins sauveurs de barbecue nous sortent un petit télescope et c'est parti pour un voyage spatial dans la voie lactée, une fois de plus nous voilà conquis. Allez hop au lit et quoi de mieux que de s'endormir la panse bien remplie en écoutant le ressac des vagues au coté de l'être aimé ?
Le lendemain nous voilà repartis pour une autre randonnée avec nos deux nouvelles amies renardes par intermittence. Les paysages sont sensiblement les mêmes et il fait très chaud. Arrivés au mirador une brume chargée en eau nous accueille et vient nous lécher le visage pour nous rafraîchir. Quel plaisir ! En plus cela donne une ambiance de fin du monde à ce lieu déjà magique, c'est spectaculaire. On apprend que les locaux tendent des grandes toiles pour que quand la brume vient s'abattre dessus comme maintenant, cela crée une condensation et donne de l'eau à cette terre désertique... Voilà pour la petite histoire. Nous rebroussons chemin, un petit renard vient nous saluer pour nous dire au revoir :) trop mimi. San Pedro de Atacama est inondé et toujours inaccessible, cocasse pour l'endroit le plus sec au monde... Aussi, après moult discussions, nous décidons de redescendre au sud avec nos deux nouvelles passagères pour rejoindre un parc méconnu qui va s'avérer être juste incroyable : j'ai nommé Nevado Tres Cruces.
Renard et cactus dans le décor surréaliste de Pan de Azucar
Nevado Tres Cruces
À voir : Salar de Maricunga, Laguna Verde, les Tres Cruces, Laguna Rosa, Los Ojos del salado
Le parc Nevado Tres Cruces tire son nom des trois sommets qui se suivent en toile de fond... Il est assez difficile d'accès, peu desservi puisque situé à la frontière entre l'Argentine et le Chili en plein milieu de la cordillère des Andes entre 4500 et 5000 mètres. Les routes pour s'y rendre sont en très mauvais état, voir inexistantes par endroit, et il n'y a pas de station essence donc -> il est primordial de charger 40 litres de pétrole dans les jerrycans ! Équipez-vous aussi en eau, en nourriture et en feuille de coca car là-bas il n'y a rien et l'air y est extrêmement sec !! Le taux d'humidité est compris entre 1% et 5%...
Las Tres Cruces en reflet sur la laguna Santa Rosa dans le Parc Nevado Tres Cruces
Après quatre heures de route nous voici arrivés au refuge de la Laguna Santa Rosa à 3762 mètres d'altitude, l'endroit est superbe. Comme son nom l'indique il fait face à une laguna habitée par une colonie de flamants roses avec en fond de toile les Tres Cruces qui culminent chacune à quasiment 6000 mètres d'altitude. Paysage carte postale garanti. De plus le gérant du refuge est muy sympatico, j'ai nommé Eduardo. L'endroit est très peu fréquenté, il n'y a pas beaucoup de touristes seulement quelques montagnards aguerris et bien sûr deux français adorables qui envisagent de se faire un ou deux sommets à 6000 dans le coin. Les présentations faites nous nous délectons d'un superbe coucher de soleil... Voyez plutôt...
Premier coucher de soleil dans le parc Nevado Tres Cruces
Nous ne tardons pas à aller au lit car demain le rendez-vous est pris à 5h30 pour le lever du soleil. La nuit est compliquée pour certains à cause de l'altitude et surtout du peu d'humidité, cela vous sèche la gorge jusque dans le corps, vous sentez votre respiration passée dans vos entrailles, ce n'est pas la sensation la plus agréable... Cependant, tout le monde est là pour admirer l'éveil de notre astre solaire. Il fait extrêmement froid, emmitouflés dans nos duvets nous ressemblons à une brochette de sushis. Mais ça vaut vraiment le coup, l'eau du lac est plate, les reflets sont incroyables, la lumière divine... J'arrête avec les qualificatifs, un flamant nous fait même l'honneur de prendre son envol devant nous.
Lumière solaire sur la laguna Santa Rosa
Un petit dej plus tard nous sommes en route pour la Laguna Verde à 5000 qui siège pas très loin de Los Ojos Del Salado, le volcan actif le plus haut du monde avec 6863 mètres de hauteur. Si vous voulez le gravir, il vous en coûtera une semaine d'ascension, un mal de tête horrible et des jambes en compote. La laguna est en ligne de mire, le spectacle est indescriptible je vous laisse plutôt regarder les photos qui sont une pâle reproduction de la réalité, les reflets sont encore de la partie... Petite séance photos en maillot - il faut bien faire des likes sur Instagram - devant la montagne avec nos deux renardes itinérantes. Là c'est l'heure du casse dalle, on s'improvise un camp de manouche pour se protéger du soleil, on mange le fameux sandwich thon-mayo et on décide de digérer dans les aguas calientes naturelles et gratuites qui bordent le lac. Quel instant magique ! Il est déjà l'heure de rentrer au refuge... Nous nous rendons compte que nous n'aurons pas assez d'essence pour faire l'excursion de demain, tristesse, tant pis on s'occupera autrement. Nous retrouvons nos deux compatriotes Mathieu et Paul qui reviennent de leur ascension entraînement avant les 6000. La décision est prise ce soir on fait la fête, on sort la bouteille de Pisco, les cartes et c'est parti pour l'apéro !!! On a même pensé au chorizo...
La Laguna Verde du parc Nevado Tres Cruces
À ce moment-ci, croyez le ou non, mais dame nature nous offre un coucher de soleil encore plus sensationnel que la veille, ce que nous pensions impossible. Les filles courent partout tellement c'est beau, le paysage se colore à 360° et de 360 manières différentes. C'est incroyable, on a presque envie de pleurer tellement c'est beau. Une fois l'interlude terminé notre ami Eduardo nous rejoint pour le repas armé de deux bouteilles de vin ! Apparemment il a lui aussi envie de boire un coup... Il nous sort le grand jeu, nous prépare un feu à l'extérieur et tout ce beau monde se réunit pour partager ses goûts musicaux et profiter de la chaleur du feu et des étoiles en ce lieu magique.
Ce sont vraiment ces moments-ci que je préfère dans le voyage. Apparemment Eduardo aussi car il va nous chercher sa bouteille de Pisco secrète héhé et conséquence tout le monde commence à être vraiment pompette, on danse comme des enfants autour du feu, on chante, on boit, on partage nos cultures, j'en frissonne encore en vous écrivant ces mots. Il se fait tard Eduardo ne tient plus debout, il va se coucher mais rate son lit... ce soir il dormira par terre... Nous décidons de l'imiter mais en essayant de viser le matelas si possible. Le réveil est, comment dire, difficile : bouche asséchée et mal de tête sont au rendez-vous, ça nous apprendra à boire...
NB : l'alcool vous attaque bien plus le citron à cette altitude donc petit conseil consommer avec modération.
L'incroyable coucher de soleil au parc Nevado Tres Cruces
Aujourd'hui c'est petite balade sur le salar puis mirador de la laguna et petite lecture devant les flamants. Il est déjà tant de partir, dommage on serait bien rester une semaine à contempler la nature avec des si beaux gens. Dernier repas avec les copains le temps pour Manon de se faire attaquer par une guêpe géante noire et jaune des montagnes, ouf elle est saine et sauve... :) De retour à Copiapo la ville d'accès au parc nous procédons à des adieux déchirants avec nos deux désormais amies et renardes confirmées Manon et Marion mais comme vous le verrez ce n'est qu'un au revoir, les voyages vous réservent souvent de belles surprises. Nous voici enfin en route pour San Pedro de Atacama.
From Nevado Tres Cruces with love.
Comentários