De punto a punto. De bout à bout.
Notre itinéraire en Amérique du Sud a la particularité de traverser le sous-continent américain d'un bout à l'autre. Et vous l'aurez compris, Ushuaïa est en un. De bout. Un bout de terre australe, la ville la plus au sud de l'Argentine, baignée de mystères et de rêveries, longée par les derniers bouts morcelés de la cordillère des Andes. Elle provoque l'imaginaire, évoque des récits de marins, des histoires mystiques issues des peuples natifs, vous donne des envies d'aventure, d'exploration, comme Darwin il y a un certain nombre d'années. Elle représente à elle-seule tout un symbole.
À quelques pas d'Ushuaïa
Mais se rendre à Ushuaïa ça se mérite !
Los Pingouinos Reis
Nous partons de Punta Arenas au Chili pour Ushuaïa en Argentine. Huit heures de route, une traversée en bateau et un passage de frontière nous attendent. Afin de nous motiver pour cette - encore - très longue journée avec Fitz, nous faisons une petite halte en milieu de parcours sur une plage qui, malgré sa banalité de plage, a attiré de certains spécimens... C'est ici même que s'est installée une joyeuse colonie de Pingouinos Reis. Le Pingouino Rei n'est pas un pingouin en fait, c'est le manchot royal - manchot = qui ne vole pas et qui vit dans l'hémisphère sud. Vous avez pas trouvé plus simple les gars ? C'est qu'ils sont beaux ces manchots, on parle de manchots de compet' là, le nec plus ultra du zozio ! Mais attendez, ces petites bêtes de quasi un mètre ne vivent-elles pas seulement en Antarctique ? Si, bien sûr. Et bien, qu'est-ce qu'ils foutent ici ? D'après toi petit coquin du XXIème siècle, qu'est-ce qui a pu causer leur changement d'habitat ? Oh beh je dirais le réchauffement climatique, l'augmentation des bateaux dans la zone subantarctique ou encore l'accroissement de la pêche ? Bravo, tu as trouvé. Le fait est qu'ils sont là maintenant, et apparemment ils se portent bien. Des scientifiques étudient leur comportement, l'entrée coûte un bras et les barrières de sécurité sont assez éloignées du petit groupe mais ça reste une belle surprise que de les rencontrer. Ils sont carrément plus grands et plus beaux - no offense - que les manchots de Magellan vus à Punta Tombo. Les petits n'ont pas encore leurs plumes d'adulte bien liftées pour un aérodynamisme parfait dans l'eau, ils ressemblent plutôt à de grosses peluches marrons qu'on a envie de câliner. Les adultes eux ont la classe à Dallas, ils arborent un costume deux pièces, veste noir profond, plastron blanc parfait, pointues bien cirées aux pieds et maquillés avec finesse d'orange et de jaune.
Un bisou de manchot ? Besos besos
La passage de frontière se fait tranquillement. Et puis ça y est, nous y sommes. Ushuaïa, grand port entouré de montagnes aux sommets enneigés. La magie opère. Demain nous partons sur le canal Beagle pour prendre un peu de recul sur la ville et à y être sur le chemin déjà parcouru. Quelle aventure nous vivons !
Croisière sur le Canal Beagle
Un capitaine un peu fou nous accueille, je sens que je vais bien l'aimer celui-là. Il est plein d'entrain, de vie, il répond à toutes nos questions avec humour et précision et fait de son mieux pour animer les conversations. Pendant la balade sur l'eau calme et sans vent - hallelujiah - nous rencontrons un bon nombre de lions de mer, avachis sur les petites îles du centre du canal. Vas y que ça braille, un petit cherche sa mère. Les mâles sont super imposants, dire que je rêve de nager avec eux... Mesdames si vous pouviez rappliquer sans monsieur, une soirée entre filles quoi, ça m'arrangerait. Comme leurs cousins les éléphants de mer ils vivent en harem et la chasse est bien gardée. Dès qu'un autre mâle s'approche, le mâle dominant se redresse de toute son envergure et déboule sur son potentiel concurrent. Le jeunot est forcé de battre en retraite. La prochaine fois peut être. Nous rencontrons également deux types de cormoran et un type d'albatros. Estoy muy contenta. Nous allons jusqu'au phare del fin del mundo. Le capitaine se moque bien de cette appellation, comme s'il y avait une fin du monde. Ouai je suis assez d'accord, la fin du monde, de notre planète, une sphère, sur un plan géométrique ça n'existe pas. Peut être qu'un jour on la fera péter mais ça c'est une autre fin. Par contre je suis d'accord pour bout du continent - ça m'arrange bien pour le titre. La balade est agréable, Geoof et moi seuls dehors sur la proue du bateau dans l'espoir de voir apparaître un aileron de dauphins, orques ou autre. On fait une halte sur la plus grande île du canal pour se dégourdir les jambes après les tangages marins et le capitaine nous parle des différentes espèces de plantes. Et puis vient le meilleur moment. Le moussaillon qui nous accompagne depuis le début nous a préparé un picada surprise, sorte de petit apéro composé d'olives, de saucisson, de fromage, de biscuits salés... Si c'est pas la belle vie ça, je vous le demande ?
Compagnie pour la croisière : El Che
Sur le canal Beagle... Il se passe des choses...
Il est l'heure pour nos deux amies renardes de partir, déjà... Que le temps passe vite, il vole même. Leur départ laisse un vide, nous avions trouvé notre rythme de croisière et avions le sentiment que l'aventure ensemble venait juste de commencer. Es asi, c'est comme ça comme ils disent ici. Nous prenons une journée tranquille puis le lendemain nous filons à la Laguna Esmeralda.
La laguna Esmeralda
Tout un chantier. Le chemin ressemble plus à un champ de boue qu'à un chemin en fait. On se croirait en pleine épreuve de Koh Lanta - désolée pour la référence mais moi j'adoooore Koh Lanta - à marcher sur des rondins de bois, en équilibre pour ne pas s'enfoncer dans les 50 centimètres de boue qui nous entourent. Oui j'ai testé, je sais que ce sont bel et bien 50 centimètres de boue qui vous recouvrent vos chaussures et s'infiltrent dans vos chaussettes. Hormis ce détail, le chemin pour s'y rendre est très beau. La laguna est encore gelée et le vent fort et froid nous glace les os, autant dire qu'on ne traîne pas pour rentrer. Sur le retour un petit renard nous accompagne. C'est comme s'il ne se rendait pas compte de notre présence, il va et vient, passe tout proche, s'arrête pour manger un fruit, il mène sa petite vie quoi. Et c'est bien connu nous on adore les renards alors on reste un bon bout de temps en sa compagnie.
Un renard nous accompagne sur le chemin du retour, comme toujours...
Parque Nacional Tierra del Fuego
Nous décidons de passer nos derniers jours fueguinos dans le célèbre parc de la Terre de Feu. Parlons un peu de ce joli nom, Terre de feu. Il est souvent raconté, même dans les guides les plus connus, que les nouveaux explorateurs en arrivant dans la région en bateaux auraient vu tout le long de la côte du Canal Beagle une succession de petits feux alimentés par les natifs. Donc Terre de feu, vous faites le rapprochement. Mais notre capitan de la croisière Beagle nous l'a bien expliqué, c'est physiquement impossible de voir à l'oeil nu un feu se trouvant à une telle distance. Ils sont bons ces Argentins pour vendre leur pays, comme diraient les Chiliens ils pourraient même te vendre un caillou. L'histoire reste jolie, alors on la garde quand même puisqu'au fond, personne ne sait rien de l'origine de ce nom !
On a rencontré un Allemand super sympa à l'auberge, un certain Daniel, Dani pour les intimes. Il se joint à nous pour la première journée de balade. Son sourire et son rire communicatifs animent la journée. Munich, encore un nouvel endroit à visiter en rentrant en France si un jour on rentre (message caché à notre famille, chut). Il est passionné de photo et en connaît un rayon sur la technique que, je m'en rends compte, je n'ai pas du tout. Mouahaha. Il est joli ce petit parc, il est paisible. Au bout de la route, nous trouvons le fameux panneau fin de la route 3, fin de la route tout court !
La nuit que nous passons dans le parc est marquée par... la neige ! Quel froid mes aïeux dans notre tente de toit. Je salue encore le jour où nous avons décidé d'acheter cette grosse couette en plume qui réchauffe si souvent nos corps engourdis. Quelle idée géniale ! Le lendemain nous cherchons nos amis les castors et piverts le long des sentiers du parc mais il fait bien trop froid pour pointer le bout de son nez. Nous comprenons bien cela, ce n'est pas grave. Alors nous rentrons à l'auberge, prêts pour un nouveau départ. Et si on commençait notre ascension vers la Colombie maintenant ? Direction plein nord les amis ! Hihouuuu !
From Ushuaïa with love.
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