L'archipel de Chiloé est derrière nous, on commence sérieusement notre ascension vers le nord qui nous conduira je l'espère bien jusqu'en Colombie. Toujours en Patagonie chilienne et en compagnie de Sylvain et Marion dit Les renardeaux nous nous rendons en terre Mapuche dans la région IX, la Araucania, où nous établissons notre premier campement dans la ville de Puerto Varas.
Ceux qui nous connaissent bien auront deviné notre première action dans cette nouvelle ciudad : aller acheter quelques bières ! Quoi de mieux que de boire un coup avec de chouettes gens pour profiter de cette soirée en terre inconnue ? On se balade dans les rues à la recherche du dit breuvage, flânant au gré des croisements, ne comptant plus le temps. Il faut dire que Puerto Varas est une ville très jolie et très accueillante, posée au bord du lago Llanquihue sur la rive opposée au magnifique volcan Osorno dont le cône quasi-parfait se reflète. Magnifique ! Pour ajouter au charme de la soirée, le ciel et le lac viennent à se colorer en rose bonbon pendant qu'un voilier blanc se balade et contraste avec toute cette couleur. Les couchers de soleil sont toujours de tels spectacles, il va de soi que nous restons jusqu'à la tombée de la nuit, jusqu'aux dernières teintes de violet avant le noir complet.
Quand il me prend dans ses bras qu'il me parle tout bas
Le saviez-vous ?
Savez-vous pourquoi le ciel se colore de ces si belles teintes au moment de l'aurore et du crépuscule ? Si ça vous intéresse ce paragraphe est pour vous sinon rendez-vous au suivant. Pour commencer il est bon de savoir que la lumière blanche qui nous aveugle quand nous regardons le soleil est en fait constituée des 7 couleurs de l'arc-en-ciel. Dans la journée s'il fait beau le ciel est bleu, c'est la couleur des rayons du soleil qui ressort lorsqu'ils traversent cette épaisseur d'atmosphère. Le soir, du fait de l'inclinaison de la Terre, ces mêmes rayons rasent la surface du globe, traversant une couche d'atmosphère 10 fois plus importante, imposant plus de filtres à ces rayons. Les couleurs qui ressortent selon cette épaisseur d'atmosphère sont le rouge, le orange. Si l'atmosphère était plus épaisse, le ciel serait rouge-orangé toute la journée. Ce phénomène est appelé la diffusion de Rayleigh, vous trouverez plus d'informations scientifiques en tapant ces mots.
Nous décidons d'aller voir d'un peu plus près monsieur Osorno. Allez, en voiture Simone, on monte, on monte, on monte. Nous voici au départ pour la petite rando direction le sommet, enfin le pied du glacier pour être exacte. Petite, petite, ça grimpe quand même. On est parti tout flambant à fond la caisse mais ce sable de cendre noire complique un peu la tâche. On approche de la neige, on est excité comme des enfants, les idées fusent : pourquoi ne pas descendre sur un bout de bois, on fait une bataille de neige ? La vue sur la vallée est juste impressionnante. Il est toujours bon de prendre de la hauteur : #parolephilosophique. On prend une petite heure pour jouer aux castors, vous connaissez ? Le tout est de trouver une pente assez forte pour avoir l'impression de sortir de la terre. Ok on sort ! Puis une autre petite heure pour pique-niquer au pied du glacier. C'est qu'on les aime ces pique-nique face à de tels paysages, un sandwich thon-mayo ici vaut tous les meilleurs restaurants de Paris. Finalement on décide qu'après tout il n'y a pas besoin de bois pour descendre sur cette neige, nos fesses feront très bien l'affaire. Qu'est-ce qu'on attend alors ? 3. 2. 1. C'est la course, glissade, chute, peur, on rigole comme des cons même si nous ne sentons plus nos popotins. On finit par dévaler l'intégralité de la neige et par se faire sécher sur les basaltes chauds en cette belle journée ensoleillée. Un peu de sport ça fait du bien. Sur le chemin du retour nous faisons un halte cascade. Les jambes sont lourdes mais la rigolade de mise nous fait oublier le chemin pour s'y rendre. Lorsqu'on arrive à son pied c'est la fin de la journée et le soleil plus bas avec sa luminosité si particulière nous offre un arc-en-ciel comme je n'en avais jamais vu. Quand on s'approche tout prêt, on le voit quasiment à 360°, un cercle d'arc-en-ciel. De toute beauté les amis.
Après cette belle journée, on prend la vie encore plus tranquilo, et on s'offre un bon restau à Frutillar. Les renardeaux nous aiguillent dans la sélection des photos pour les divers réseaux sociaux. On partage nos goûts musicaux, cinématographiques, nos meilleurs festivals, on partage nos vies. Le voyage, c'est la vie en accéléré et tu y sautes à pieds joints.
Bienvenido a Pucon. Sur le papier le programme ressemble sensiblement aux précédents jours avec en ligne de mire ce coup-ci l'ascension du fameux volcan Villarrica. En mapuche cela signifie maison du démon, de quoi faire rêver. 1400m de montée à pieds, 4h00, 1200m de descente en luge, 20 min. Au sommet ? D'un côté une vue plongeante sur le cratère fumant et grondant de 200m de diamètre, de l'autre une vue à 360° sur la vallée et la chaîne des volcans. C'est parti, première étape on s'équipe : chaussure, sur-chaussure, casque, veste chaude, piolet, crampons. De vrais aventuriers. Vous voulez savoir à quoi ressemble le volcan actif de 2847m partiellement couvert de neige que nous allons gravir, regardez plutôt :
Le volcan Villarrica vu d'en bas depuis Pucon
On va monter tout en haut, là où la fumée s'échappe. C'est parti pour l'ascension. Nos guides sont super comme d'habitude, ils ont la joie de vivre et la joie de leur boulot qui malgré tout les éreinte un peu. Monter 1400m tous les jours, ça finit par fatiguer. Ils nous imposent un rythme soutenable pour le dénivelé et constant. Nos jambes se mettent en mode robot, elles avancent machinalement. Comme si l'ascension n'était pas assez physique, ces deux-là sont chaussés de... Chaussures de ski. Vous le croyez, 4h dans la neige en chaussures de ski. Bon ok ce sont celles qui ont la cassure au niveau de la cheville mais tout de même. Et qui dit chaussure de ski dit ski, des patinettes sont accrochées à leur sac à dos déjà bien lourds. Descendre en ski est leur petit plaisir pendant que nous, nous dévalerons les pentes en luge. Geoof serait limite jaloux. Nous faisons plusieurs pauses, jamais très longues, qui nous permettent d'hydrater cette bouche asséchée par l'effort et le peu d'humidité.
Nous arrivons en haut le souffle coupé, dans les deux sens. Quel monde merveilleux. Le cratère est impressionnant de vie, des fumerolles blanches s'échappent, le bruit de la lave en profondeur se fait entendre, des reflets rouges apparaissent dans le trou comme pour signaler qu'à tout moment le volcan pourrait cracher son coeur liquide, l'odeur acide du soufre et du chlore nous prennent le nez... Nos coeurs s'emballent comme à chaque fois que nos yeux sont témoins de si belles choses. Plus que les yeux, c'est le corps tout entier qui ressent la grandeur et la puissance de ce volcan. Nous sommes connectés bien plus qu'on ne le croit à la Terre. Bon j'arrête mes digressions et vous laisse profiter de ces quelques photos qui reflètent pâlement notre expérience.
Émerveillés face au Villarrica
La douleur de l'ascension va bientôt être récompensée... Tout d'abord par un traditionnel déjeuner sandwich-dans-endroit-spectaculaire. Je me répète, on les adore ! On recharge nos batteries car ce qui nous attend n'est pas moins que la descente de tout ce qu'on vient de se taper en luge ! On sort la pelle de notre sac à dos, on l'accroche à notre baudrier, on la met sous nos fesses, on prend notre piolet, on le pose sur la hanche côté qui pique vers l'extérieur et on s'élance. Le piolet nous sert vaguement de frein. Les deux premières descentes sont impressionnantes, on file à toute vitesse dans ces tunnels type bobsleigh qui ont été construits pour cette occasion. Il faut vite prendre confiance car à cette allure on sera bientôt rendu en bas. Je ne peux plus m'empêcher de rigoler, c'est l'euphorie totale, ce qui fait bien marrer nos guides. T'as l'air d'aimer ça me disent-ils. C'est un doux retour en enfance. Et ce qu'on avait présagé arriva, on est en bas bien plus rapidement qu'espérer... 20minute de descente passent à toute vitesse. Quelle aventure inoubliable !
Pour se remettre des émotions et pour contenter la faim grandissante causée par tous ces efforts physiques, nous rejoignons dans un restau/bar Maeva rencontrée sur Chiloé. On lui raconte notre épopée. Un bon jugo natural, un de plus, et un burger nous attendent. On est carrément affamé, limite agressif... Ah les voilà !!
La journée se termine donc à Pucon au pied du Villarrica que nous venons de monter. En le regardant si beau et si haut nous n'en revenons toujours pas, nous l'avons fait ! Après les deux ascensions de volcans actifs en Indonésie nous venons de répéter l'action d'une toute autre manière ici au Chili. Et ce n'est surement pas la dernière. En attendant les prochaines aventures épiques et éruptives comme celles-ci nous partons retrouver le confort d'une maison pour 10 jours de volontariat dans une permaculture perdue sur les hauteurs entre Pucon et Villarrica. Au revoir les renardeaux chéris, merci pour ces quelques jours passés ensemble !
From Araucanie with love.
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