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Nager avec les baleines à bosse à la Réunion

  • Photo du rédacteur: Manon
    Manon
  • 2 juin
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 21 juil.

Nous avons réalisé un rêve d'enfant, nous avons nagé avec des baleines... Et c'était bien au-delà de tout ce qu'on avait pu imaginer. Une rencontre avec les géants des océans, un rendez-vous avec ces êtres vivants mystérieux, magnifiques et majestueux.


Ces moments hors du temps, on les doit à la compagnie Duocéan avec qui nous avons fait deux excursions au départ de Saint-Gilles sur l'île de la Réunion. On vous raconte toute notre expérience dans cet article. Au programme :



Une baleine à bosse accompagnée de son petit nage paisiblement dans les eaux claires de l’océan Indien, au large de La Réunion.
Une mère et son petit

Les baleines à bosse à la Réunion : un rendez-vous saisonnier

Chaque année, entre juin et octobre, les baleines à bosse quittent les eaux froides antarctiques pour se rendre - entre autres - dans les eaux chaudes de l’île de La Réunion, sanctuaire pour se reproduire, mettre bas et élever leurs petits bien gourmands.


Nous avons eu une chance extraordinaire quand nous y étions en 2023 car, selon Globice - une association spécialisée dans l'étude et la protection des cétacés à la Réunion - ce ne sont pas moins de 1 271 individus qui ont été recensés dans les eaux de l'île au cours de cette saison. Trois fois plus que la saison précédente, déjà considérée comme record. En d'autres termes, il y avait des baleines partout. Il suffisait de s'asseoir au bord de l'océan pour en voir souffler, taper de la nageoire, sauter... C'était juste incroyable. Avec un tel nombre, nos deux excursions ont vraiment été magiques ! Il n'y avait pas d'autres bateaux autour des baleines, on se mettait à l'eau loin d'elles, sur leur trajectoire supposée, on attendait, et elles passaient devant nous...



En savoir plus sur

les baleines à bosse


Portrait d'une voyageuse des mers

Les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) sont parmi les cétacés les plus reconnaissables grâce à leur silhouette singulière avec leurs très longues nageoires pectorales. Elles mesurent entre 11 et 14 mètres pour un poids entre 20 et 40 tonnes. Elles ont un corps massif, des nageoires pectorales qui peuvent donc mesurer jusqu’à un tiers de leur longueur totale, et une bosse caractéristique située juste avant leur petite nageoire dorsale. Elles peuvent vivre entre 80 et 90 ans, comme nous. Leur comportement en surface est spectaculaire : sauts répétitifs, frappes de nageoires pectorales ou caudales... Et puis il y a leur fameux chant, complexe, envoûtant, qui apaise l'âme même si les scientifiques travaillent encore à déterminer son rôle dans leur vie.

Une migration titanesque à travers les océans

La migration des baleines à bosse est l’un des plus longs voyages connus dans le règne animal. Chaque année, elles quittent les eaux froides et riches en nourriture des hautes latitudes pour rejoindre des zones tropicales et subtropicales, plus chaudes, où elles se reproduisent et mettent bas. Ce trajet peut atteindre — et parfois dépasser — 25 000 kilomètres aller-retour, un exploit d’endurance et d’orientation.


Les baleines à bosse se répartissent dans tous les grands bassins océaniques du globe, et chaque population suit une route migratoire bien définie :

  • Dans l’hémisphère Sud, elles se nourrissent durant l’été austral dans les eaux froides de l’Antarctique, avant de remonter vers :

    • L’est de l’Australie, notamment la côte de Hervey Bay, un hotspot mondial d’observation

    • La Nouvelle-Calédonie, les Tonga ou Fidji,

    • Et bien sûr vers l’île de La Réunion et Mayotte, dans l’océan Indien.

  • Dans l’Atlantique Nord, les baleines se nourrissent dans les eaux riches de l’Arctique et des régions nordiques comme le Golfe du Saint-Laurent au Canada, le Groenland, ou encore l’Islande. Elles migrent ensuite vers les Caraïbes, notamment autour de la République dominicaine, dans le sanctuaire marin de la baie de Samaná

  • Dans le Pacifique Nord, elles fréquentent en été les eaux au large de l’Alaska, de la Colombie-Britannique et de la péninsule du Kamtchatka en Russie. L’hiver, elles rejoignent les îles Hawaï, les Philippines ou le Mexique, notamment Baja California.


Le principal moteur de la migration est la température de l’eau. Les eaux polaires sont idéales pour s’alimenter car riches en krill et en petits poissons, mais trop froides pour les nouveau-nés, qui n'ont pas assez de graisse pour survivre. À l’inverse, les eaux tropicales sont pauvres en nourriture, mais offrent un environnement sécurisant et tempéré pour la mise bas.

La vie de maman baleine

Les futures mamans arrivent dans les eaux chaudes après avoir accumulé d’importantes réserves de graisse, allant parfois même jusqu'à doubler son poids. Elle donne alors naissance à un baleineau d’environ 4 mètres pour 700 kilos. Commence alors une période d’intense dévouement : elle allaite son petit plusieurs fois par jour, lui fournissant entre 300 et 500 litres d'un lait très riche pour l’aider à grossir rapidement. Au début, un baleineau prend 60kg par jour ! Pendant toute cette période, la mère ne se nourrit pas, elle vit uniquement sur ses réserves. Cette phase d’allaitement peut durer plusieurs mois, pendant lesquels elle perd énormément de poids.


En plus de nourrir son petit, elle le protège, l’accompagne dans ses premières explorations, et lui apprend à respirer en le maintenant à la surface, puis à plonger, et même sauter. Le lien est fort, et leur relation est très tactile : le baleineau nage souvent collé contre sa mère. Quand le petit est assez fort, vers la fin de l’hiver austral, elle repart avec lui vers les eaux froides, entamant un nouveau voyage de plusieurs milliers de kilomètres pour retrouver les bancs de krill.



Une première immersion magique

Nous avons choisi d'organiser cet évènement marquant avec la compagnie Duocéan car ils sont réputés et connus pour respecter au pied de la lettre les règles d'approche mises en place pour encadrer le whale-watching : nous devons respecter les animaux, quitte à ne pas les voir. Puis ce ne sont pas de petits poissons dont on parle ici, on va être en face de colosses faisant 10 fois notre taille et plus de 300 fois notre poids... Rien que son coeur pèse 180kg, vous imaginez ?


La Réunion s’est progressivement dotée de mesures de protection des cétacés, mais la multiplication des compagnies et des excursions, ainsi que des sorties individuelles non encadrées soulève des inquiétudes chez les scientifiques. Une pression qui pourrait perturber les comportements des cétacés, notamment des mères et leur petit, entraînant stress et modification de leurs trajectoires migratoires. Il faut en être conscient.


Excursion avec Duocéan : Infos pratiques

  • Matériel de snorkeling fourni (combinaisons + palmes + masques + tubas)

  • Mettre un maillot de bain sur soi

  • Réservation en ligne à faire bien en avance, les places partent très vite : https://www.duocean.com/réserver

  • Les sorties de 7h45 et de 11h sont les mêmes

  • L'activité dure environ 3h

  • Le départ se fait du port de Saint-Gilles-les-Bains en général

  • Entre 6 et 9 participant·es

  • Entre 4 et 5 mises à l'eau par sortie

  • Vous aurez toujours le choix d'aller dans l'eau ou de rester sur le bateau

  • Pour éviter le mal de mer, ne venez pas le ventre vide, ni fatigué, voire prenez un cachet

  • Douche au quai possible en fin de sortie

  • Pas d'affaires sèches à bord sauf des lunettes de soleil (recommandées), un coupe-vent (en hiver), un chapeau, un T-shirt (été), et de l'eau

  • Film souvenir gratuit sur l'Instagram ou le Facebook de Duocean


La première excursion s'est faite avec un groupe "avancé", c'est à dire composé de personnes à l'aise dans l'eau et savant bien nager. Le moniteur fait toujours une première mise à l'eau test, juste pour voir si on a bien compris les règles : comment descendre du bateau en toute discrétion, nager vite en ligne en se tenant la main, d'abord sur le dos puis sur le ventre, garder la distance qu'il faut avec le moniteur, rester à l'horizontal, etc.


Geoof part GoPro à la main mais le moniteur lui dit que ça ne sert à rien, qu'on ne verra rien. Ok. On se met à l'eau en glissant doucement du bateau. Il faut savoir que c'est impressionnant d'être au milieu du grand bleu, on est englouti par cette couleur, on "ressent" l'immensité et le poids de l'océan. Ces sorties d'observation se font sans bouteille, on reste à la surface tout du long et c'est vrai qu'en tant que plongeurs nous avons pris l'habitude de faire partie du monde sous-marin, pas de rester à sa surface. Qu'importe, on ne se pose pas trop de question et on avance. Le moniteur est content de nous, tout le groupe nage bien, est consciencieux, quand soudain il nous dit : arrêtez-vous, vite, retournez-vous - nous étions en train d'avancer sur le dos en nous tenant la main. On se retourne et là, 4 mâles passent juste devant nos yeux ébahis...


J'en ai des frissons en l'écrivant... Déjà que c'est impressionnant de voir ces animaux, mais là, sans y avoir été préparé, l'intensité du moment est décuplée ! Tout semble passer en un battement de coeur qui ne bat plus je crois. Quel spectacle, c'est juste totalement fou à vivre. Le pilote du bateau, qui est en charge de repérer les baleines, ne les avait pas vus pour la simple et bonne raison que ces coquins nageaient en apnée. Les mâles n'ont pas de petits à maintenir à la surface de l'eau pour les aider à respirer. Ils sont donc moins repérables.


Cette première rencontre a été tellement intense qu'elle est toujours assez floue dans mon esprit. Mais comme vous allez voir, nous allons avoir bien d'autres occasions de figer ces rencontres dans nos mémoires.



Nager avec les baleines, la magie continue

On retourne sur le bateau tous et toutes un peu sous le choc de la rencontre inattendue. Et super excités à l'idée de se remettre à l'eau. Le pilote repère une baleine et son petit, c'est parti. Le manège d'approche s'enclenche, on coupe le moteur, entrée dans l'eau discrète, nage sur une longue distance sur le dos en se tenant la main, "stop" du moniteur, attente... Les voilà qui arrivent. D'abord ombres gigantesques, les détails se dessinent au fur et à mesure qu'elles approchent. La mère et son petit sont magnifiques, et adorables. La visibilité ici n'est pas fofolle mais n'enlève rien au moment. C'est à la fois comme si le temps s'arrêtait et passait trop vite. Je verse une petite larme sous l'eau, le plus beau des paroxysmes.


Si beau...

Une excursion avec Duocéan comprend entre 4 et 5 mises à l'eau. À la troisième nous voyons une maman, son petit et une "escorte" comme les scientifiques les appellent. Des femelles - souvent - qui accompagnent une maman et son petit pour les protéger. Mais les protéger de quoi ? Roulement de tambours, des mâles pardi. Les baleines à bosse viennent mettre bas autour de l'île de la Réunion, mais viennent aussi s'accoupler et les mâles peuvent parfois se déplacer en horde et se battre pour une femelle. Dans cette quête, ils peuvent aussi tuer le petit pour s'accoupler avec la mère... Les douceurs de la nature. On apprend plein de choses, c'est trop bien.


Et puis il y a la dernière mise à l'eau... qui va nous donner quelques sueurs froides ! Le pilote repère une baleine seule. On se met en position, elle arrive au loin, mais elle a un comportement étrange. Au lieu de passer tranquillement comme toutes les autres, elle reste devant nous et va se mettre sous le bateau... On ne comprend pas trop ce qui se passe jusqu'à ce qu'on voit arriver les 4 mâles du début. Punaise, ce sont 5 baleines qui évoluent devant nos yeux ébahis. Mais les mâles ne sont pas là pour rien, ils convoitent la femelle qui n'a pas très envie d'eux on dirait bien. Notre moniteur commence à s'inquiéter... Les mâles lâchent des lignes de bulles (= y a pas bon), font des chants beaucoup plus forts et "agressifs" - on peut vraiment noter la différence - et le petit truc sympa c'est qu'ils se sont mis entre nous et le bateau où se cache la femelle, nous empêchant de remonter à bord. Le bateau ne peut pas venir nous chercher car il n'a pas le droit de démarrer les moteurs si proche des baleines. On doit attendre, rester calme. Notre moniteur gère vraiment et les mâles finissent par s'éloigner, ainsi que la femelle. Ouf, retour sur le bateau avec des émotions au taquet haha. Il est temps de rentrer je crois.


Une fois sur terre, on dit à notre amie Léa qui a tout organisé et qui vit à la Réunion qu'on aimerait le refaire, vraiment vraiment vraiment. Elle est partante ouiiiii. On regarde les créneaux restants, il n'y en a presque plus d'ici notre départ... Conseil : réservez VRAIMENT à l'avance. Mais elle est trop forte et nous dégotte une nouvelle excursion avec un groupe "débutant".



Une deuxième excursion, trois semaines après

Nous voilà 3 semaines après notre première mise à l'eau, complètement surexcités à l'idée de retrouver les baleines. Nous commençons par la mise à l'eau test et là, on comprend que ça ne va pas être la même. Tout le monde n'est pas à l'aise dans l'eau. Certains respirent fort, s'agitent, d'autres ont du mal avec leur masque ou leur tuba... La clé pour une mise à l'eau réussie est de ne pas faire de bruit, de nager vite, et surtout de bien rester à l'horizontal. À la première mise à l'eau, c'est la cata, une des personnes se met à la verticale, entraînant une autre... La baleine n'est pas contente du tout et frôle la monitrice. Une fois sur le bateau, elle les réprimande un peu, à juste titre. On ne dit pas ça pour faire peur, tout le monde sachant nager peut faire ces sorties mais il faut savoir rester calme, ça joue dans l'expérience de tout le monde, et une mise à l'eau peut être ratée à cause de cela.


Il faut savoir que si un baleine vous touche c'est qu'elle l'a décidé : elles sont extrêmement agiles dans l'eau et gèrent complètement leur corpulence et leur position dans l'espace. Les problèmes de ce genre sont quasi inexistants, elles ne nous veulent aucun mal, veillez juste à les respecter en écoutant bien votre moniteur et en restant détendu.


Le chant des baleines

Cet "incident" passé, on se remet en route pour une prochaine mise à l'eau qui va nous permettre de vivre une rencontre assez hors du commun. Voilà qu'il n'y a non pas une, mais deux mamans, chacune avec leur petit ! Incroyable ! Au moment où elles arrivent, je me risque à sortir la tête de l'eau pour les regarder arriver droit sur nous et c'est beaucoup plus impressionnant que ce que je pensais haha. Je ne sais pas si c'est le masque, ou un effet d'optique, mais je me rends bien mieux compte de leur taille en voyant ces dos énormes arriver droit sur moi à une dizaine de mètres. Je remets vite la tête sous l'eau et là, c'est juste sublime. Les petits n'ont pas le même âge, on peut comparer leur taille, leur couleur. Ce qui est fascinant, c'est qu'elles nous regardent autant que ce qu'on les regarde. On sent qu'elles nous observent, et nos yeux se rencontrent. Je ressens un truc tellement puissant dans mon corps, comme happée par leur regard, par leur puissance. Piouuu c'est vraiment grandiose, une part de moi aimerait se transformer pour partager avec elles un petit bout de chemin. Et puis il y a ce chant, transperçant, si touchant, qui soignerait le monde.


En tout, sur les deux excursions, nous nous sommes mis à l'eau 8 fois, et nous les avons vues 7 fois... Nous avons eu tellement de chance ! Nous avons pu voir plusieurs types de "convois" de baleines et c'était à chaque fois beau et différent. Nager avec les baleines à bosse aura vraiment été de ces moments hors du temps qu'on n'oubliera jamais.


From le grand bleu with love.

La queue d’une baleine à bosse émerge de l’eau alors qu’elle plonge dans l’océan Indien, près des côtes de La Réunion.


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